Globalement, les villes québécoises sont bien équipées en termes d’infrastructures sportives dites « de proximité », permettant au citadin déjà converti de s’adonner à diverses activités physiques près de chez lui. « Le défi, c’est d’aller chercher les jeunes et les adultes plus sédentaires, ceux des communautés immigrantes aussi, tout comme ceux pour qui le coût financier pose un frein à la pratique du sport », lance Romain Roult, professeur au Département d’études en loisir, culture et tourisme.
Le chercheur de l’UQTR cite l’exemple du programme BLEU BLANC BOUGE de la Fondation des Canadiens pour l’enfance, qui vise à encourager l’activité physique grâce à des patinoires extérieures réfrigérées dans certains quartiers défavorisés de Montréal, notamment Villeray–St-Michel–Parc-Extension, Verdun et Montréal-Nord. Bien que le but premier de l’initiative soit de travailler avec les écoles, toute la population de ces quartiers peut en bénéficier.
Une fois l’infrastructure en place, le défi consiste à y attirer les clientèles cibles, soit des individus moins actifs ou issus des communautés immigrantes. Romain Roult, qui a participé à une étude des impacts de la patinoire située au parc Le Carignan de Montréal-Nord, explique : « Nous avons démontré que les référents identitaires constituent un aspect important à considérer lorsqu’on implante un tel équipement dans des quartiers ethniques. Bien que l’infrastructure se transforme l’été en une populaire arène de basketball et de soccer, le hockey et le patinage restent des sports qui suscitent moins d’intérêt chez les jeunes et leurs parents originaires de certaines communautés. Dans ce contexte, au-delà de l’aménagement, il faut aussi prendre en compte l’animation de la patinoire, en ce sens qu’il importe d’offrir des séances d’initiation aux sports sur glace et de réserver des plages horaires pour la pratique libre, par exemple. »
Outre le fait que l’image de marque du Canadien de Montréal jouisse d’une perception très positive au sein de la population, le succès du projet tient aux efforts réalisés pour que les clientèles cibles puissent réellement s’approprier la patinoire. La Fondation des Canadiens pour l’enfance mise sur des partenariats avec les écoles, maisons de jeunes et organismes communautaires, et peut compter sur des partenaires privés pour du prêt d’équipement, une nécessité pour favoriser l’accessibilité en milieu défavorisé.
En parallèle, il faut mettre de l’avant la plus-value sociale et expérientielle de l’équipement sportif. « Les notions de plaisir, d’attachement affectif à un lieu et d’appropriation sociale d’un équipement sont très importantes pour encourager les personnes plus sédentaires à faire de l’activité physique et à en retirer des bénéfices à moyen et long termes. Ainsi, la patinoire devient plus qu’un équipement sportif, c’est aussi un lieu de socialisation, un endroit pour développer un réseau social », conclut le professeur Roult.