Dans les années 90, le chanteur français Alain Souchon lançait un disque, dont le titre Foule sentimentale dénonçait la société de consommation. « La vie en rose, le rose qu’on nous propose, c’est d’avoir des quantités de choses, qui donnent envie d’autre chose […] que le bonheur c’est d’avoir de l’avoir plein nos armoires ».
Dans notre société de (sur)consommation, l’achat de produits ou de services, censés combler nos insatiables besoins, augmente-t-il la satisfaction de nos vies ? Si de nombreuses études se sont penchées sur ce sujet, les résultats sont contrastés; certaines études établissent un lien étroit entre consommation et satisfaction dans la vie [1], et d’autres plaident le contraire, ou du moins, y apportent des nuances. Toutefois, ces travaux présentent un défaut en ayant une vision réductrice de la notion de satisfaction dans la vie.
De récents travaux, ayant recours à un modèle tétraclasse (qui catégorise les éléments étudiés en quatre groupes) tentent d’apporter des nuances. En effet, si posséder un téléphone cellulaire peut rendre heureux avec le sentiment de sécurité ou de liberté, il peut aussi décevoir par son côté intrusif ou son risque de perte de temps, voire même le stress généré – chez des consommateurs moins à l’aise avec la technologie – lorsqu’on possède un nouvel appareil qu’il faut apprivoiser. Ainsi, selon les circonstances et les personnes, posséder un nouveau téléphone peut engendrer satisfaction ou insatisfaction.
Les éléments de la consommation et du bonheur
Si l’on pense aux produits et services utilisés dans le quotidien de nos vies, que ce soit pour s’alimenter, se déplacer, se divertir, se maintenir en santé, s’éduquer ou se loger, ce sont près de 50 items que l’on peut évaluer. Les résultats menés récemment apportent l’éclairage suivant [2] :
- Les éléments basiques : dans cette catégorie se classent des produits (laveuse, sécheuse, lave-vaisselle, télévision, automobile, etc.) et des services (eau, électricité) qui augmentent l’insatisfaction si les consommateurs ne les possèdent pas, mais n’augmentent pas la satisfaction lorsqu’ils font partie de notre quotidien.
- Les éléments clés, qui influent la satisfaction (s’ils sont évalués positivement) et l’insatisfaction (en étant évalués négativement). On retrouve ici des loisirs, des produits de luxe et l’éducation. Comme quoi, venir étudier à l’UQTR peut vous rendre heureux, mais ne pas fréquenter cet établissement détériore votre satisfaction dans la vie !
- Les éléments plus : leur présence (pouvoir consommer de la bonne nourriture, voyager, avoir une piscine) augmente la satisfaction, mais ne pas en profiter ne change rien.
Consommer rend-il heureux ? Désormais, vous savez que la réponse à cette question est « plus ou moins ». Dans un courant philosophique « minimaliste », il semble inutile de tout posséder pour être heureux. Certains Japonais, se contentant d’une centaine d’objets au total (vêtements compris), sont capables de déménager en moins de 30 minutes.
Que retenir, donc, de ces recherches ? Sans doute que pour éviter les pièges de la consommation, il semble louable de se poser la question préliminaire « en as-tu-vraiment besoin ? »[3]. Sans vivre comme un ermite, s’offrir un petit bonheur occasionnel (un verre de champagne pour le Nouvel An ou un voyage répondant à un besoin de repos) offre parfois une amélioration de notre satisfaction de vie, lorsqu’on est déjà bien nanti.
Références
[1] Lichtlé, M., Plichon, V. & Grzeskowiak, S. (2016). La consommation peut-elle améliorer la satisfaction dans la vie ?. Management & Avenir, 83,(1), 77-94.
[2] Fournier S. et Mick D.-G. (1999), “Rediscovering satisfaction”, Journal of Marketing, Vol. 63, No. 4, p. 5-23.
[3] Mcsween, P.-Y. (2016), En as-tu vraiment besoin ?, GUY SAINT-JEAN EDITEUR, 228 p.