De nos jours, choisir une bière chez le marchand ou au bar est devenue une opération compliquée, à telle enseigne que l’amateur, face à la profusion des produits et à la lecture des étiquettes de bière, en perd… son houblon.
En raison de l’expansion des microbrasseries tant au Québec qu’aux États-Unis, elle est déjà loin l’époque où le consommateur se contentait de quelques marques locales à large distribution, à côté desquelles on comptait trois ou quatre bières importées d’Europe. Le choix se limitait à la prendre frette ou tablette, ou en bouteille plutôt qu’en draft ; je vous parle d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître.
L’expansion des microbrasseries est telle qu’on en compte plus de 150 au Québec et, notamment, environ 25 dans le petit état du Vermont. Signe de popularité, leurs produits sont maintenant vendus dans les dépanneurs et les supermarchés.
Mais, choisir une bière n’est plus une mince affaire. Comme on ne peut pas toujours compter sur l’aide d’un biérologue, expert qui œuvre notamment chez un détaillant spécialisé, voici un bref glossaire de termes pour mieux s’y retrouver.
Le petit glossaire de la bière
D’entrée de jeu, le terme bière (du néelandais bier) se décline dans une gamme de variétés : ale, blanche, cervoise, gueuze, lager, pilsener, porter, saké, stout, etc. À celles-ci peuvent s’ajouter des adjuvants : épices, fruits, légumes, miel, etc. Alors, que diriez-vous d’une bière aux viscères de courge ? La place manque ici pour définir ces variétés : à vos dictionnaires!
Ensuite, décodons les étiquettes et le vocabulaire de dégustation, selon des définitions tirées d’ouvrages spécialisés :
Bière forte, extra forte : Contrairement à ce qu’on peut penser, le pourcentage en alcool affiché a peu de rapport avec le goût fort de la bière, mais il répond aux Exigences en matière d’étiquetage des boissons alcoolisées (Agence canadienne d’inspection des aliments). Par exemple, entre 4,1% et 5,5%, aucune mention; de 5,6 % à 8,5 %, bière forte; 8,6% et plus, extra-forte.
Biérologue : Connaisseur de la bière et de sa dégustation.
IBU (International Bitterness Unit) : Indice d’amertume d’une bière, va de 16 (bon nombre de bières) à 150 et plus (pas buvable…)
Pale Ale (Indian Pale Ale, Pale Ale américaine, etc.) : Ale de couleur blond clair.
Saison : Traditionnellement, on raconte que cette bière était brassée l’hiver pour être bue à l’arrivée de la saison chaude par les travailleurs saisonniers sur la ferme.
Session : Bière en dessous de 4% d’alcool, ce qui permet de boire plus de bière, sans dépasser les limites, lors d’une session de placotage, par exemple.
Pour les termes descriptifs de la bière, notons le visuel, l’arôme, le goût, la finale, la rondeur, l’effervescence, etc.
C’est le temps de déguster !
Nanti de ce petit vocabulaire, il sera temps de penser à inviter des amis pour déguster quelques bières : prenez garde aux trois sens de ce verbe. Soit le fait de « goûter une bière (ou autre) pour en juger la qualité », ce qui peut être une étape de préapprobation, voire de préappréciation de nouvelles bières en vue d’une dégustation au sens deux, soit « savourer ».
Pour cette première dégustation, évitez de convier des palais fragiles, qui pourraient ne pas apprécier l’expérience, sinon vous risquez de déguster au sens trois, soit « encaisser » des coups…
Laissons au philosophe Jean-Jacques Rousseau le soin de conclure cette chronique grâce à ce passage de Émile ou de l’Éducation [i] : « Un particulier nommé Patrice O’Neil, né en 1647, vient de se marier en 1760 pour la septième fois… Cet homme n’a jamais bu que de la bière ordinaire; il s’est toujours nourri de végétaux et n’a mangé de la viande que dans quelques repas qu’il donnait à sa famille. Il est à présent dans sa cent-treizième année, entendant bien, se portant bien, et marchant sans canne… ».
Bonne dégustation!
Référence
[i] Cité dans Christian Bergere Phillipe Duboë-Laurence (1985), Le livre de l’amateur de bière, Éditions Robert Laffont, p. 219.