Une révolution est en cours près de chez vous, dans votre ville, dans votre province, dans votre pays et à travers le monde. Il n’est pas question des carrés rouges ou de gilets jaunes cette fois, mais d’une révolution manufacturière. Elle ne fera pas couler le sang ou tinter les casseroles, mais elle aura probablement des impacts profonds dans notre société. Il s’agit de la 4e révolution industrielle.
On l’appelle « Industrie 4.0 » au Canada, comme en Allemagne. Aux États-Unis, on parle de Smart Industry, alors qu’en France, on dit « Industrie du futur ». Peu importe l’expression employée, on exprime le même changement annoncé : une révolution dans les pratiques manufacturières. Quoique qu’on n’en ressente aujourd’hui pas vraiment de conséquences, de nombreux penseurs et chercheurs liés au domaine manufacturier ne cessent de le répéter. Le changement sera important et bouleversera les façons de faire de l’industrie. Mais de quoi parle-t-on, ici ?
Quelques révolutions plus tard
Le monde industriel a vécu quelques changements majeurs qui ont eu des répercussions économiques et sociales importantes. La première révolution industrielle a été provoquée par la production mécanisée, vers la fin du 18e siècle. On remplace alors le travail manuel par des machines par l’utilisation de la vapeur et des énergies fossiles. C’est la naissance des usines. L’introduction des machines à papier et des métiers à tisser automatisés en sont de bons exemples.
La deuxième révolution apparaît vers la fin du 19e siècle avec l’utilisation de l’électricité et du moteur à combustion. Les usines se convertissent à la production en série, utilisent désormais des convoyeurs et étudient l’organisation du travail. L’exemple classique est l’usine Ford, qui produit sa célèbre Ford T d’une seule couleur : noire.
La troisième révolution vient avec l’utilisation de l’électronique et l’informatique. Elle débute vers les années 1970-1980. Poussées par la disponibilité des transistors et des microprocesseurs, les machines de production sont contrôlées par des programmes informatiques et des robots réalisent des tâches routinières. Par exemple, des robots effectuent la découpe, la peinture et la soudure des voitures.
La révolution industrielle par l’Internet
Chacune de ces révolutions ne s’est pas réalisée en une journée ou en une année. Les adaptations ont été faites par petits pas, un projet à la fois, une transformation après l’autre. Mais chaque fois, les impacts économiques et sociaux ont été importants. Le travail a été changé, les emplois se sont transformés. Alors qu’on voyait s’étendre une centaine d’années entre chacune d’elle, le rythme s’est accéléré. Nous serions maintenant déjà rendus à la quatrième révolution.
Comme les précédentes, cette révolution s’appuie sur une transformation. Cette fois-ci, c’est l’Internet qui est l’acteur clé. Ce n’est pas si surprenant que cette invention ait des répercussions majeures sur le monde industriel, après avoir eu des impacts majeurs sur la société dans plusieurs secteurs (bancaire, médiatique, hébergement, transports, pour ne donner que ces exemples).
Maintenant, la production manufacturière est transformée par l’Internet, plus particulièrement par la capacité de communication et d’échange d’informations instantanée, partout et en tout temps.
En fait, depuis 10-15 ans, les entreprises manufacturières utilisent l’Internet dans leurs échanges avec leurs clients, leurs fournisseurs et leurs divisions à l’interne, à l’aide des logiciels de gestion. Mais maintenant, ce sont les produits et les machines qui communiquent entre eux, en temps réel. Cette quatrième révolution est portée par une accessibilité et une réduction de prix sans précédent du stockage d’information (le téraoctet ou To), de la transmission d’information (le mégabit par seconde ou Mbps) et de la puissance de traitement de l’information (le giga floating-point operations per second ou GFLOPS).
Des technologies de pointes viennent appuyer cette révolution. Le CEFRIO1 en mentionnent 10 différentes, dont l’Internet des objets, l’infonuagique, l’analyse des données massives et la réalité augmentée. En fait, en essence, ces technologies servent à capter des données, beaucoup de données, et traiter ces données en temps réel pour optimiser la production et le travail des employés. La production passe de lots de produits de grande taille (appelée production de masse) à des produits toujours différents et individualisés.
Par exemple, une machine de découpe de métal pourrait recevoir l’information du travail à exécuter de la feuille de métal elle-même. Par des capteurs visuels, elle pourrait vérifier la conformité des produits découpés et demander une nouvelle production au système de planification des opérations en cas de problèmes de qualité. Elle pourrait aussi demander un entretien préventif au bureau de la maintenance si elle a détecté une vibration indésirable ou une augmentation de la chaleur interne.
Et ça change quoi ?
Le changement se vivra dans les usines par les employés. Les entreprises qui embrasseront cette révolution et iront chercher les connaissances nécessaires à l’intégration de certaines de ces technologies pourront rivaliser avec les concurrents du monde entier pour répondre aux clients avec des produits personnalisés et concurrentiels.
Les autres entreprises seront à la remorque et tenteront de ramasser ce qui reste. Heureusement, cette révolution peut se faire pas à pas, comme les autres précédentes.
En identifiant des besoins particuliers et en établissant un plan de déploiement, toute entreprise, petite ou grande, peut faire partie de la 4e révolution. Par un accompagnement adéquat et une stratégie bien réfléchie, la révolution pourra être, disons, plus tranquille que les précédentes.
Référence
1CEFRIO (2016) Prendre part à la révolution manufacturière? Du rattrapage technologique à l’Industrie 4.0 chez les PME, 32 p., https://cefrio.qc.ca/fr/realisations-et-publications/prendre-part-a-la-revolution-manufacturiere-industrie40/
Les 10 technologies présentées par le CEFRIO sont les robots autonomes, la simulation, la communication inter-machines, l’internet des objets, la cybersécurité, l’infonuagique, la réalité augmentée, l’analyse des données massives, les systèmes cyberphysiques et l’intelligence artificielle.