Il est vif d’esprit, travaillant, curieux et se passionne pour bon nombre de choses. Toutes ces qualités feraient normalement d’Antoine Faulkner un étudiant performant dont le succès nécessite peu d’efforts. Pourtant, son chemin vers l’UQTR a davantage été marqué par les difficultés et les remises en question.
Vivant avec un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), Antoine a longtemps associé la salle de classe à un lieu inconfortable, et ennuyant, où il lui était impossible de déployer toute son énergie et exprimer sa créativité. Dès le primaire, il est difficile pour lui de se concentrer pour apprendre au même rythme que les autres, particulièrement lorsque l’intérêt pour la matière enseignée n’y est pas. En secondaire 2, il reçoit un diagnostic de dyslexie et dysorthographie, ce qui explique encore mieux ses difficultés et ses nombreux échecs. La route vers la diplomation s’annonce longue et ardue.
Malgré tout, Antoine termine son secondaire et entame des études en cinéma et en informatique au Collège Rosemont. Si l’expérience en cinéma ne dure qu’un an et demi et se conclut après un détour en sciences humaines, elle n’est pas vaine. Car lors d’un cours de psychologie, Antoine effectue un stage dans une école primaire où il a une révélation. C’est vers l’enseignement qu’il doit se diriger.
Direction UQTR
Reste donc l’étape de l’université à franchir pour le Repentignois de 21 ans s’il souhaite atteindre son but. Il y a quelques années pourtant, bien peu de gens auraient prédit qu’il accéderait un jour à des études universitaires. Antoine lui-même n’aurait pas cru ceux et celles qui auraient fait cette prédiction. C’est pourtant bien ce qui se passe, alors qu’il vient tout juste d’entamer le programme de Baccalauréat en éducation au préscolaire et enseignement au primaire (BEPEP).
« Je suis très excité par cette nouvelle aventure qui commence. En même temps c’est assez stressant pour moi. Je ne connais à peu près rien de l’UQTR, ni même de la ville de Trois-Rivières. C’est beaucoup de nouveautés à gérer, mais je suis convaincu que j’ai fait le bon choix », explique-t-il.
La Page TDAH
Si le nom ou le visage d’Antoine apparaît familier, c’est probablement en raison de ses nombreux projets sur le web, notamment sur Facebook, où plus de 75 000 personnes suivent La Page TDAH. L’étudiant au programme de BEPEP y publie des capsules vidéo et des témoignages afin de sensibiliser les gens à ce que vivent les personnes avec un trouble de l’attention ou d’autres difficultés pouvant nuire à l’apprentissage.
« Comme je dis toujours : nous ne sommes pas des bons à rien, nous ne sommes pas juste des énervés, des gens dérangeants, des rêveurs, des gens sans avenir ou des gens sans intellect. C’est important de le rappeler à ceux qui nous jugent trop rapidement », soutient Antoine qui reçoit plusieurs commentaires par jour de la part de jeunes, de parents et même de professeurs touchés par ses publications.
C’est justement sur cette page Facebook que le Repentignois a annoncé son inscription à l’UQTR en avril dernier. La nouvelle avait entraîné des centaines de réactions et encouragements, de quoi le motiver au plus haut point.
Loin d’un cas isolé
Le cas d’Antoine est loin d’être unique. En 2018-2019, pas moins de 398 étudiants présentant un TDAH étaient répertoriés par les Services aux étudiants de l’UQTR, ce qui correspondait à 51% des 774 étudiants en situation de handicap ayant fait une demande de soutien. En plus du TDAH, s’ajoutent chez certains étudiants des troubles d’apprentissage comme la dyslexie et la dysorthographie, ou d’autres troubles associés (anxiété, santé mentale, autisme). Ainsi, le total grimpe à 637 étudiants, soit 82% des étudiants en situation de handicap.
Le nombre d’étudiants en situation de handicap dans les universités a d’ailleurs explosé au cours des dernières années. À l’UQTR, ils n’étaient que 16 en 2008-2009 pour tous les types de handicap.
« Il y a plusieurs facteurs à considérer pour expliquer cette hausse, souligne Nathalie Dauphinais, agente de recherche aux Services aux étudiants de l’UQTR. Premièrement, il y a aujourd’hui une plus grande connaissance et de meilleurs outils d’évaluations des différents troubles liés à l’apprentissage. Ainsi, le dépistage se fait de façon plus précoce dans le parcours scolaire des étudiants. Deuxièmement, le système scolaire québécois a une visée d’éducation plus inclusive et a bonifié son offre de services pour les personnes vivant avec ces troubles depuis les dernières années. Les étudiants qui ont été accompagnés au primaire, au secondaire et au collégial s’inscrivent maintenant à l’université et sollicitent notre aide. »
Un service qui fait la différence
Avec l’adoption de la Politique institutionnelle de soutien aux étudiants en situation de handicap en mars 2015, l’UQTR reconnaît le droit de disposer de mesures adaptatives venant répondre aux besoins des étudiants dans le respect des objectifs d’apprentissage, des normes et des exigences académiques. Pour faire une demande d’accompagnement, les étudiants sont invités à consulter le site www.uqtr.ca/sae et remplir le formulaire dans la section Soutien à l’apprentissage.
« C’est important de demander de l’aide et de faire connaître les services qui sont offerts. Il ne faut pas hésiter. Un petit coup de pouce peut nous aider à mieux gérer notre horaire, notre anxiété, notre concentration ou tout autre problème qui nuit à nos études. Si ma démarche peut inspirer d’autres personnes à poursuivre leurs études et leurs rêves, tant mieux! », conclut Antoine.