Le 14 octobre dernier, l’Ordre des sages-femmes du Québec (OSFQ) a décerné le Mérite du Conseil interprofessionnel du Québec (CIQ) à la professeure Lucie Hamelin. Cette distinction marque la reconnaissance des ordres professionnels envers la contribution et l’implication exceptionnelles de certains de leurs membres.
Récemment retraitée du Département sage-femme de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Mme Hamelin s’est démarquée par un parcours remarquable. En plus d’avoir contribué de façon importante à la création de l’OSFQ, elle s’est impliquée bénévolement auprès de l’Ordre tout au long de sa carrière. Elle se distingue également par son engagement et son expertise dans le monde de l’éducation. Mme Hamelin est en effet l’une des instigatrices du programme de pratique sage-femme de l’UQTR.
« J’étais étonnée, mais en même temps, très fière de cette nomination. J’ai travaillé pendant 35 ans comme sage-femme, et j’ai fait des pieds et des mains pour qu’un ordre professionnel puisse voir le jour », témoigne la professeure.
L’appel de la profession
D’abord technicienne en éducation spécialisée, Mme Hamelin a bifurqué vers la pratique sage-femme à la suite de sa première grossesse. Accompagnée elle-même par une sage-femme, elle s’inquiétait du manque de choix qui se présentait aux femmes dans sa situation.
« Je voulais aider d’autres familles à pouvoir faire le choix d’être suivies et d’accoucher soit à domicile, soit à l’hôpital. Cette expérience personnelle m’a motivée à changer de carrière pour être davantage en contact avec les femmes et les soutenir dans cet événement de vie », raconte-t-elle.
Dès les balbutiements de l’OSFQ
Présidente du Regroupement des sages-femmes du Québec pendant sept ans, Mme Hamelin a fait preuve d’un sens aiguisé des négociations, notamment lors des commissions parlementaires sur la pratique sage-femme. Revendiquant au nom de ses collègues le statut de professionnelles, elle a contribué à ce que les élus de l’Assemblée nationale du Québec adoptent en 1999 la Loi sur les sages-femmes.
Après la création de l’OSFQ, la professeure demeure très active dans les comités de la formation et de l’admission de l’Ordre. Elle a notamment analysé les candidatures de sages-femmes formées à l’étranger, et a agi à titre d’experte indépendante sur des causes légales impliquant l’Ordre.
Saisir l’opportunité d’enseigner
Ayant toujours eu une passion non dissimulée pour l’enseignement, Mme Hamelin a été chargée de cours en pratique sage-femme à l’UQTR dès la première cohorte du programme, en 2002. En parallèle, elle a également accueilli des étudiantes en stage dans son milieu de travail.
« Le côté pratique doit être valorisé dans la formation des stagiaires », affirme-t-elle.
Elle est par la suite devenue professeure à temps plein en 2010, une fonction qu’elle a occupée jusqu’en 2019.
De professionnelle à politicienne
Forte de son expérience à l’OSFQ, Mme Hamelin a fait le saut en politique lors des dernières élections municipales. Depuis 2017, elle occupe un siège de conseillère à la municipalité de Saint-Élie-de-Caxton, en Mauricie. La professeure retraitée souligne que ce nouveau rôle présente plusieurs similitudes avec celui qu’elle avait à l’Ordre.
« J’ai toujours trouvé qu’on [les ordres professionnels] évoluait dans un milieu politique, car on est en étroite collaboration avec les ministères de l’Éducation et de la Santé et des Services sociaux. On est continuellement dans des revendications ou des demandes », indique-t-elle.
Encore beaucoup de travail à faire
Questionnée sur l’avenir de la profession, la perception de Mme Hamelin est sans équivoque : même si le travail des sages-femmes est de plus en plus reconnu, il reste beaucoup de sensibilisation à faire auprès de la population.
« Tout le monde ne connaît pas l’expertise que possèdent les sages-femmes. Il faut continuer de militer pour qu’il y ait une meilleure collaboration avec les autres professionnels de la santé. Je pense cependant que la relève saura répondre à ces défis d’envergure », conclut la professeure.