En temps normal, Antoine Faulkner doit déjà gérer son trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Or, les études à distance représentent un défi supplémentaire pour l’étudiant au baccalauréat d’éducation au préscolaire et d’enseignement au primaire de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Heureusement, le principal intéressé connaît certains trucs pour se structurer. Des trucs qu’il peut aussi partager avec ses élèves, lorsqu’il fait de la suppléance.
À l’instar de nombreux étudiants, Antoine suit ses cours de la session d’automne sur son ordinateur, bien assis dans sa chambre. Bien que confortable, cet environnement lui demande un effort de concentration constant.
« Jusqu’à maintenant, ça se passe assez bien, même si le programme est passablement chargé. C’est certain qu’en ayant un TDAH, les études à distance sont parfois difficiles pour ma motivation. Quand je me déplaçais pour aller assister à mes cours, j’étais concentré sur ma volonté d’apprendre. En comparaison, la maison n’est pas un endroit optimal pour étudier. Il y a toujours une distraction qui me guette : mes séries, mes jeux vidéo, etc. Mais bon, ça se gère », témoigne-t-il.
Dans ce contexte, vivre avec un TDAH signifie donc trouver des façons d’ordonner son emploi du temps. Ce qui, parfois, n’est pas une tâche facile.
« J’ai la fâcheuse habitude de procrastiner ! », admet Antoine.
« Pour m’organiser, je planifie chacune de mes tâches dans mon agenda électronique. Aussi, pour être certain de ne rien oublier, je m’organise pour recevoir de nombreux rappels. Quand on a un TDAH, oublier les choses, ça fait partie de notre quotidien. C’est donc très important de noter nos obligations, parce que ça nous aide à faire le travail à l’avance », atteste-t-il.
L’étudiant ajoute qu’une stratégie basée sur la récompense peut également l’aider à progresser dans ses travaux. Ainsi, s’il complète l’une de ses exigences d’évaluation, il s’accorde par exemple un épisode de sa série préférée, ou encore une heure de jeux vidéo.
Une façon d’apprendre
Selon les plus récentes données disponibles, 865 étudiants de l’UQTR étaient inscrits au Service de soutien aux étudiants en situation de handicap. De ce nombre, 70 % ont un diagnostic de TDAH, et plus de 50 % ont un TDAH combiné avec une autre condition (trouble d’apprentissage, problème de santé mentale, etc.). Si ces étudiants ne représentant pas la majorité, leur vision de la pédagogie n’en demeure pas moins pertinente. À cet égard, Antoine fait un parallèle avec sa propre expérience.
« Les cours théoriques sont importants, il n’y a pas de doute là-dessus. Cependant, je ne perçois pas toujours comment ils vont me servir. En comparaison, j’aime beaucoup les cours de didactique, parce que la matière est concrète. Je suis quelqu’un de très pratique, et c’est comme ça que j’apprends. On découvre comment créer des cours et générer des situations d’apprentissage. Ce qu’on fait dans ces cours va vraiment nous être utile à long terme », estime-t-il.
Antoine, l’enseignant
La semaine passé, j’ai fait du remplacement dans une école primaire. Il y avait un élève avec un trouble de comportement…
Publié par Antoine Faulkner sur Dimanche 25 octobre 2020
Lorsqu’il troque son chapeau d’étudiant pour celui d’enseignant, Antoine se retrouve au cœur de ce qu’il aime vraiment : l’action d’une salle de classe. Si c’est son rôle de donner la matière, l’apprentissage se fait dans les deux sens.
« L’enseignement, c’est un milieu dans lequel on apprend tous les jours. Les enfants vont toujours nous faire découvrir quelque chose de nouveau, que ce soit à propos d’un animal, d’un pays, d’une langue ou d’une culture. J’adore ça ! », confie-t-il.
Si la pandémie affecte inévitablement son travail, Antoine s’inquiète davantage des conséquences négatives vécues par ses élèves.
« Les mesures sanitaires, bien qu’elles soient nécessaires, compliquent les choses. Le port du masque, par exemple, change la dynamique chez les plus jeunes. C’est très important pour les enfants de voir les lèvres bouger. Ça leur permet de comprendre le sens de nos phrases et des consignes que l’on donne. Mais comme nous parlons maintenant à travers notre masque, les élèves ne voient pas le mouvement de nos lèvres. Ils entendent seulement notre voix, alors c’est plus demandant pour eux », remarque-t-il.
Évidemment, tous ses élèves n’apprennent pas au même rythme. Certains d’entre eux ont même des difficultés d’apprentissage. Par chance, Antoine est particulièrement bien placé pour comprendre leur réalité.
« Je n’ai pas seulement un TDAH, j’ai aussi une dyslexie et une dysorthographie. Je peux donc facilement me mettre à la place de ces élèves. Je fais preuve de beaucoup de patience avec eux », indique le suppléant.
« À la longue, je vois l’évolution de l’élève. Au début, il obtenait peut-être 40-50 % à ses examens ; mais éventuellement, je finis par avoir un impact sur son apprentissage. Lorsqu’il atteint 60-70 %, je peux voir que j’ai réussi à l’amener plus loin », conclut l’étudiant.
Vidéaste aguerri, Antoine anime sur Facebook la page TDAH. Avec humour, il pose un regard lucide sur les réalités du TDAH, et sur le quotidien de ceux qui vivent avec.