On pouvait lire récemment dans les journaux que l’année 2020 était l’année la plus chaude jamais enregistrée ex aequo avec l’année 2016, que l’on pensait déjà exceptionnelle. Avec le changement climatique, on constate de plus en plus de phénomènes météorologiques extrêmes comme des vagues de chaleur, des sécheresses, des inondations, des feux de forêt, etc. On comprend que l’adaptation face aux changements climatiques annonce des changements structurels majeurs dans l’économie en général et plus particulièrement dans l’industrie agricole et alimentaire.
Pour faire face à ces changements, les étudiants d’aujourd’hui qui seront les dirigeants de demain doivent s’outiller pour déployer le développement durable dans les organisations. En réponse à ces enjeux, les étudiants en troisième année de baccalauréat en administration des affaires du profil innovation et développement des affaires, du Département de management de l’UQTR, doivent suivre le cours GAE1045, Responsabilité sociale et gestion des parties prenantes des entreprises. Ce cours, développé par le professeur François Labelle et dispensé par le chargé de cours Pierre-Olivier Lemire, deux chercheurs aguerris dans le domaine, a pour objectif d’enseigner les fondements liés au développement durable et leurs liens stratégiques et déterminants avec la performance globale des organisations.
Collaboration avec Zone Agtech
Pour concrétiser leurs apprentissages théoriques, à la session d’automne 2020 les étudiants ont eu la chance d’appliquer in vivo leurs acquis auprès de 11 startups et entreprises durables actives dans la zone d’innovation Agtech dans Lanaudière au Québec. La Zone Agtech est un incubateur où les scientifiques, startups, innovateurs, étudiants, investisseurs et entreprises évoluent pour le développement des technologies agricoles et alimentaires de demain.
Ainsi, les membres du groupe de Pierre-Olivier Lemire ont effectué une recherche, mené des entretiens avec des entrepreneurs, afin de réaliser un portrait-diagnostic avec des pistes de recommandations créatives adaptées aux entreprises. Ce travail a permis des partages de compétences entre les étudiants et les entrepreneurs. Les travaux finaux ont été présentés aux gens de la zone d’innovation Agtech ainsi qu’aux entrepreneurs, PDG ou employés clés des entreprises sélectionnées. La Zone Agtech a décerné quatre prix de 100$ aux meilleures équipes.
La liste des entreprises sélectionnées pour le parcours était particulièrement hétéroclite, allant de la valorisation des vieux plastiques par mycoremédiation, à la végétalisation de site, bandes riveraines, sites agricoles et industriels, le vermicompostage pour produire des engrais, la production d’insectes pour la consommation humaine et animale et l’automatisation de la ventilation des silos à grains pour l’entreposage des céréales, et autres.
L’exercice était à visée pédagogique et pratique, celui-ci a d’abord permis l’acquisition de connaissances sur l’application du développement durable dans les entreprises agricoles et alimentaires du Québec. Plusieurs outils et habiletés ont ainsi été développés chez les étudiants, celles-ci complètent bien leur dernière année de cheminement au baccalauréat.
Génération d’idées
On remarque également d’autres types de retombées comme l’apport d’idées nouvelles et innovantes dans certaines des recommandations dédiées aux entreprises. Par exemple, une entreprise de revalorisation des sous-produits alimentaires et agricoles en aliments pour animaux a eu comme recommandation la mise en œuvre d’une technologie afin d’être autonome dans la production de carburant renouvelable. Cela a permis de faire des économies significatives sur l’utilisation du diesel, en plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Ou encore, l’une des équipes qui a travaillé en langue anglaise pour une entreprise de conception de robot capable d’éliminer les mauvaises herbes des grandes cultures, a reçu ce commentaire : « The value that I see from this program is giving students some insight into the challenges and rewards of running a business. […] I think this program is a great thing for education and I am happy that I participated. »
«L’une des entreprises nous a également mentionné que l’exercice a été une opportunité intéressante de réseautage entre les étudiants finissants et les entreprises. Plusieurs sont actuellement en situation de besoin de main-d’œuvre, en contexte de pandémie, surtout que l’industrie agroalimentaire est un secteur essentiel de l’économie», a indiqué Piere-Olivier Lemire.
Un regard étudiant frais et aiguisé
« Établir une connexion avec une université reconnue dans la recherche et le savoir en développement durable allait de soi pour la Zone Agtech, assure Olivier Demers-Dubé, conseiller principal de la Zone Agtech. Ainsi, les entrepreneurs impliqués profitent d’un regard frais et aiguisé sur leur plan d’affaires et leurs impacts économiques, sociaux et environnementaux, tout en bénéficiant d’outils d’analyses concrets pour soutenir leurs réflexions. C’est en créant ce genre de ponts entre l’entrepreneuriat académique et l’entrepreneuriat appliqué que la Zone Agtech soutient le développement du secteur des agtech et des bioproduits végétaux au Québec. »
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