Florence Blouin, étudiante finissante à la maîtrise en sciences de la gestion, spécialisation logistique, à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), a pu évaluer les bénéfices économiques et environnementaux de la transition d’un scénario linéaire, vers une chaîne circulaire dans la gestion des balayures de rues printanières.
Chaque hiver, près de deux millions de tonnes d’abrasifs sont achetés et épandus par les administrations publiques sur le réseau routier québécois, afin d’assurer de bonnes conditions de circulation. Au printemps, une portion des abrasifs épandus est collectée lors des opérations de balayage de rue printanier. Sujette à une stricte réglementation environnementale, les balayures récupérées sont essentiellement enfouies. « Il s’agit de la chaîne de valeur linéaire actuelle qui représente le scénario de référence dans le cadre de mon projet de recherche appliquée », explique Florence Blouin.
Toutefois, afin de contrer les effets négatifs monétaires et environnementaux de l’enfouissement, la majeure partie des balayures collectées pourraient être réemployées créant de cette manière une chaîne de valeur circulaire. Il s’agit du scénario simulé qui s’est déployé par la collecte de données numériques et d’indicateurs en collaboration avec des partenaires du milieu, notamment le ministère des Transports du Québec et de l’entreprise Arseno Balayage, mais aussi de chercheurs collégiaux de Innofibre et Biopterre.
Scénario de revalorisation
La chaîne de valeur circulaire débute également avec l’achat d’abrasifs vierges qui sont épandus sur les routes en hiver. Cependant, plutôt que d’enfouir directement les balayures collectées, elles seraient acheminées à un centre de triage, où elles seraient divisées en deux catégories. La majorité des balayures triées deviendrait ainsi admissible à une revalorisation et le reste serait envoyé à l’enfouissement. En fonction des divers critères de la législation environnementale en place et du respect des mêmes exigences que l’abrasif vierge à substituer, une portion des balayures peut être réutilisée comme abrasifs recyclés en viabilité hivernale, alors que l’autre portion peut être utilisée pour la construction ou la réparation des infrastructures routières.
Les résultats
À l’issue du développement du modèle de simulation de la chaîne de valeur circulaire, Florence Blouin a pu démontrer que 96% des balayures de rues collectées peuvent être revalorisées et conséquemment détournées du parcours habituel qui menait au site d’enfouissement. De plus, cette chaine de valeur circulaire est une alternative économiquement et environnementalement viable. « Cela génère des bénéfices monétaires et réduit les émissions de gaz à effet de serre, grâce à l’intégration de l’économie circulaire dans cette filière. En effet, dans les deux cas d’études ancrés dans la réalité du ministère des Transports du Québec, les travaux réalisés par Florence Blouin suggèrent un potentiel de gain monétaire jusqu’à 7,24% et du bilan carbone jusqu’à 3,29%, par rapport au scénario linéaire actuel », précise la finissante à la maîtrise en sciences de la gestion », explique Jean-François Audy, professeur à l’École de gestion de l’UQTR. C’est lui pilote le projet de recherche interordres et partenarial auquel contribue Florence.
Nouvelles connaissances
« Bien que la faisabilité technique d’un conditionnement des abrasifs récupérés pour un réemploi lors des saisons hivernales subséquentes soit déjà démontrée, aucune étude n’avait évalué les bénéfices potentiels d’une transition de l’actuel scénario linéaire vers une chaîne circulaire », précise le professeur Audy. Les résultats de recherche de Florence Blouin feront d’ailleurs l’objet d’un article scientifique.
Prochaine étape?
Malgré les résultats prometteurs, d’autres travaux seront nécessaires pour circonscrire les bénéfices des divers acteurs et supporter de manière avisée la transition vers une chaîne de valeur circulaire dans le domaine du balayage de rue printanier. Florence dresse ainsi le profil d’un éventuel projet de recherche au doctorat.
« Des modèles d’affaires devront notamment être élaborés afin de permettre une symbiose entre les différentes parties prenantes le long de la chaîne. Le système sera modélisé de façon détaillée, afin de définir les rôles appropriés de chacune de ces parties prenantes en vue d’évaluer leurs bénéfices individuels et de subséquemment répartir les coûts, les revenus ainsi que les risques de façon adéquate entre elles. Le design du réseau pour le balayage de rue printanier devra également être élaboré, puis optimisé afin d’évaluer le potentiel d’une efficience opérationnelle accrue », a-t-elle conclu.
Les travaux de recherche de Florence Blouin s’inscrivent dans le cadre du projet « Chaîne de valeur durable en procédés novateurs et intégrés de la collecte au traitement des balayures de rue » qui est en collaboration avec des partenaires du milieu public et privé ainsi que plusieurs chercheurs. Son projet a été réalisé avec le soutien des Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies, grâce à une bourse de maîtrise en recherche.