Un portrait de l’engagement des PME québécoises envers le développement durable [1] dévoilé dans un rapport produit par François Labelle, professeur à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et chercheur à l’Institut de recherche sur les PME, témoigne d’une faible adoption d’un ensemble des pratiques sociales et environnementales qui pourraient contribuer au respect des limites planétaires qui nous sont imposées. Heureusement, les résultats illustrent également que les PME qui adoptent ces pratiques de manière stratégique bénéficient de retombées multiples qui profitent aussi aux acteurs sociaux qui gravitent dans leur giron.
Alors que la fameuse 5e courbe épidémique liée à la Covid-19 s’aplatie de jour en jour, une autre courbe continue de se bomber et évoque l’imminence d’une crise qui ne se résorbera pas de sitôt, celle de la crise liée aux limites planétaires, dont la crise climatique. Puisque la crise pandémique nous a forcée et nous incite de nouveau à nous réinventer, profitons de la réouverture des activités qui s’amorce pour modifier nos façons de créer et partager de la valeur pour tous, dans le respect des limites planétaires.
Pour cela, il faut s’engager dans un véritable processus de destruction créatrice[2]. À l’avant-plan de ce processus, les entrepreneurs et les PME ont un rôle déterminant à jouer. Faut-il le rappeler : les impacts économiques, sociaux, et environnementaux des PME sont majeurs (OCDE 2021). Elles représentent plus 99% des entreprises au Canada et au Québec, sont responsables de près de 80% des nouveaux emplois dans le secteur privé et participent pour environ 40% du PIB canadien. Elles ont également un impact environnemental considérable, estimé à hauteur de plus de 60% de la pollution industrielle (Idem). Sans une réduction de leurs externalités négatives, les cibles pour respecter les limites planétaires, dont le bouleversement climatique, ne pourront être atteintes. D’autre part, les entrepreneurs et les PME peuvent de nouveau jouer le rôle de vecteurs de changements positifs qu’ils ont su remplir à quelques reprises dans l’histoire et favoriser les transformations des modèles d’affaires pour qu’ils soient davantage en harmonie avec l’écosystème.
Le dos courbé des PME
Pour l’instant, les PME n’atteignent pas encore la note de passage lorsque l’on vérifie leur niveau d’implication environnemental (2.3/5). Celui-ci démontre, entre autres, que les PME peinent à adopter une logique d’économie circulaire dans leur pratique, à savoir réintégrer dans leur chaîne de valeur des extrants non utilisés dans leur propre production ou dans celle de leurs partenaires. Par exemple, elles privilégient peu le matériel réutilisable, usagé ou issu de matières recyclées comme intrants dans la production et ne tentent pas beaucoup de valoriser et commercialiser les déchets qu’elles génèrent. C’est ce que révèle le rapport qui s’appuie sur les réponses fournies par 409 PME québécoises provenant de divers secteurs, de régions distinctes, de profils multiples. Fait à noter, ces mêmes PME ont un bilan social auprès de leurs employés et de leur communauté qui est plus positif (3,1/5). Cela peut s’expliquer par l’historicité des enjeux considérés alors que les questions en lien avec la gestion des ressources humaines ont davantage été étudiées et institutionnalisées que celles en lien avec l’environnement.
Ne pas courber l’échine
Malgré ces constats peu encourageants, certains résultats reflètent une lueur d’espoir. Les PME les plus engagées envers les pratiques environnementales et sociales et qui sont stratégiques dans leur approche ont l’impression de se distinguer avantageusement des autres en matière de performance globale. Elles ont en effet amélioré leur chiffre d’affaires, leurs profits, la satisfaction des clients, l’image de leur entreprise, la motivation des employés, la différenciation de leurs produits et services et ont diminué leurs coûts. Ces PME stratégiques se caractérisent, entre autres, par leur profil entrepreneurial élevé (innovante, proactive et tolérante au risque) et leur implication concrète dans des réseaux qui insistent sur l’importance des enjeux liés au défi climatique et planétaire.
Prendre la courbe stratégique : La Boussole TD de la durabilité pour les PME
Si d’un côté il faut aplatir la courbe des changements climatiques et de biodiversité, il faut de l’autre s’engager dans la courbe des changements de pratique de gestion qui le permettent. Pour cela, rien de mieux que de se servir d’une boussole pour se guider. Si vous souhaitez établir votre profil de PME en matière de développement durable et vous inspirer des meilleurs pratiques possibles pour les PME, vous pouvez consulter La Boussole TD de la durabilité pour les PME sur le site Vigie-PME. Celle-ci vous indiquera si vous êtes de type stratégique, militant, traditionnel ou réactif et vous suggérera des pratiques à adopter pour vous améliorer.
Références
[1]Portrait de l’engagement des PME québécoises envers le développement durable
[2] Joseph Schumpeter, 1943, suggère que la force motrice des transformations économiques provient des innovations des entrepreneurs qui réalisent de nouvelles combinaisons des facteurs de production qui leur confèrent alors des avantages qui rendent caduques les produits et les technologies des organisations qui desservaient jusque-là les consommateurs