Les travaux d’Alexandre Fisette, professeur au Département de biologie médicale de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), et de ses collègues viennent de paraître dans la prestigieuse revue scientifique Cell Metabolism où ils rapportent leur découverte de la protéine Cited1 et élucident l’un des mystères entourant les liens entre les hormones sexuelles et les hormones dites métaboliques dans la lutte contre l’obésité.
Afin de bien contrôler son poids, le corps humain possède plusieurs stratégies. Les hormones, à la fois sexuelles et dites métaboliques, y jouent un rôle clef de type messager pour contrôler les activités de l’ensemble du corps. La leptine, aussi nommée « hormone de la satiété », est l’une de ces hormones dites métaboliques et elle est sécrétée dans la circulation sanguine par le gras. Ainsi, plus le corps possède de cellules de gras, plus il y aura de la leptine dans la circulation. Une fois arrivée au cerveau, la leptine favorise la dépense d’énergie du corps en entier et elle diminue l’appétit. Ainsi, la leptine serait théoriquement un traitement « miracle » contre l’obésité. Malheureusement, même si les concentrations de leptine dans la circulation sanguine sont très élevées chez une personne qui souffre d’un surplus de poids important, on observe chez elle une « résistance » à la leptine qui n’arrive alors plus à provoquer ses effets usuels.
Face à ce constat, la communauté scientifique a tenté de développer des avenues pour « resensibiliser » à la leptine afin de traiter l’obésité. L’une des avenues explorées est l’utilisation des hormones sexuelles puisqu’il a été observé que les femmes sont partiellement protégées des maladies dites métaboliques (p. ex. : diabète) pouvant mener à l’obésité durant leur vie reproductive, mais y deviennent sensibles à la suite de leur ménopause. L’hormone sexuelle estradiol a été étudiée chez des modèles animaux et les scientifiques ont conclu que l’estradiol parvient bel et bien à sensibiliser la leptine. Cependant, l’estradiol ne peut pas être utilisé chez l’être humain étant donnés ses effets secondaires nocifs sur la fertilité en plus de son potentiel cancérigène.
La découverte d’une protéine nommée Cited1 par le professeur Fisette et ses collègues redonnent cependant espoir ! En effet, cette protéine permet d’établir un pont moléculaire entre la leptine et l’estradiol dans les neurones du cerveau sans provoquer d’effets néfastes sur la fertilité. Chez la souris, l’absence de Cited1 provoque la perte de sensibilité à la leptine et ainsi qu’un gain de poids important, mais uniquement pour les femelles. Cette découverte permet de mieux comprendre comment les hormones sexuelles parviennent à sensibiliser à la leptine et ouvre une avenue de recherche prometteuse pour le traitement de l’obésité en resensibilisant à la leptine, et ce, tout en évitant les effets secondaires nocifs des hormones sexuelles. C’est d’ailleurs sur cette avenue que l’équipe du professeur Fisette travaille présentement dans son laboratoire à l’UQTR.
Mentionnons également que ces travaux ont été publiés non seulement dans la revue scientifique Cell Metabolism le 7 mars dernier, mais ont également retenu l’attention des éditeurs de la revue Nature Reviews Endocrinology, l’une des revues scientifiques les plus lues et réputées au monde ! Un article sous la forme de Research Highlights a été réalisé et vient tout juste d’être publié.