En novembre dernier, Virginie Blanchette, professeure au Département des Sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et podiatre, s’est rendue dans la communauté Ivujivik, dans le Nord-du-Québec, pour remettre un prix « Développement scientifique » à l’école Nuvviti. Ce prix est offert par l’Université du Québec dans le cadre de l’Expo-sciences autochtone du Québec (ESA-Québec), et représente un engagement concret envers les Premiers peuples. Ce prix comprend la visite d’un ou d’une chercheuse du réseau de l’Université du Québec ainsi qu’une plaque commémorative personnalisée pour l’équipe gagnante.
Cette école a remporté ce prix lors de la dernière édition de l’ESA-Québec, qui s’est tenue à l’Université Laval en 2023, grâce au projet scientifique d’une équipe formée de Siasi Naluiyuk, Emily Qissualuk et Elisapi Ainalik. Leur projet intitulé « Des peaux qui glissent » avait retenu alors l’attention des juges, notamment par les liens étroits de leur projet avec la culture inuite. Cette même équipe a également remporté le prix « Héritage culturel » de l’ESA-Québec, et cela a été souligné à nouveau devant leurs pairs lors de la visite de Virginie Blanchette. C’est l’enseignante en science Nelly Duvicq qui les a accompagnées dans leur projet et expérimentation.
La visite à Nuvviti a permis à la professeure Blanchette de rencontrer plusieurs classes en français ou en anglais avec sept présentations dans la journée. Elle a fait état de son parcours de chercheuse et de sa passion pour la science et la démarche scientifique, notamment par sa recherche sur les complications du diabète aux pieds. Elle a également retenu l’attention des élèves en apportant des spécimens d’os humain (une jambe et un pied) et a proposé un atelier de réflexion scientifique en lien avec les bottes traditionnelles Kamik. « J’espère avoir pu les motiver à poursuivre vers un parcours en sciences ou vers le domaine de la santé et stimuler leur curiosité scientifique », affirme la chercheuse de l’UQTR. La journée s’est conclue avec la remise de prix au gymnase de l’école, devant l’ensemble des élèves, enseignants et membres du personnel présents à ce moment-là.
Cette visite a mené également à des échanges avec des acteurs locaux, et a permis d’en apprendre davantage sur cette communauté et les réalités locales. Cette rencontre entre les élèves d’Ivujivik et Virginie Blanchette a été incroyable et elle espère que des élèves participeront à la prochaine édition de l’ESA-Québec, qui aura lieu à l’Université du Québec en Outaouais en mars 2024.
« Nous avons de beaux enfants intelligents », a dit à quelques reprises Sylvie Roussy, directrice de l’école Nuvviti. Virginie Blanchette acquiesce sans hésitation à cette affirmation et ajoute : « Ils ont les yeux brillants, de beaux sourires, et ont des réflexions surprenantes. Ce fut un privilège d’avoir été accueillie dans cette école et cette communauté. J’y ai rencontré des gens exceptionnels, et vécu une expérience de vie unique et mémorable. »
L’Expo-sciences autochtone du Québec
Depuis 1998, l’ESA-Québec est un événement annuel qui se tient dans une communauté autochtone ou un établissement scolaire du Québec. Il est organisé par l’Association québécoise autochtone en science et en ingénierie (AQASI), dont la mission est de promouvoir les sciences et l’ingénierie auprès des jeunes Autochtones qui fréquentent les écoles situées dans les communautés des Premières Nations et Inuites du Québec. Elle s’adresse aux élèves de la 5e année du primaire à la 5e année du secondaire. Les jeunes participants y présentent des projets concernant, entre autres, l’environnement, la santé, l’énergie, les ressources naturelles et les communications.
« Je participe à l’Expo-science autochtone depuis son organisation à l’UQTR en 2020, une édition qui avait été annulée à la suite de la COVID-19, mais qui avait été reprise en 2021. Je suis également juge depuis ce jour et je trouve que c’est un engagement à la collectivité qui me fait grandir. J’ai toujours aimé l’animation jeunesse pour en avoir fait dans mes emplois étudiants. C’est vraiment rafraîchissant de pouvoir échanger avec les jeunes, d’être témoin de leurs idées scientifiques en lien avec la culture autochtone et de se sortir un peu de mon quotidien classique de chercheuse. C’est vraiment d’une grande richesse pour moi, et cela me permet d’être plus inclusive dans ma recherche pour aider les pieds de tous les Québécois », soutient Virginie Blanchette. Celle-ci et ses collaborateurs ont d’ailleurs publié plus tôt cette année un projet de recherche concernant les complications liées aux pieds diabétiques chez les populations autochtones du Canada.
Finalement, Virginie Blanchette souhaite remercier publiquement toutes les personnes impliquées dans sa visite à Ivujivik, que ce soit pour la préparation ou l’accompagnement, dont Thomassie, Milena, Sylvie, Nelly (et plusieurs autres), ses collègues de l’UQTR, dont les professeurs Isabel Desgagné-Penix (Département de chimie, biochimie et physique) et Hugues Leblond (Département d’anatomie), Anthony Caron, qui est conseiller de soutien aux étudiants autochtones de l’UQTR, et finalement Eve-Lyne Rondeau, chargée de projet autochtone des Universités du Québec.