Aujourd’hui, le Comité d’action pour le trouble d’accumulation compulsive (CATAC) lance le premier guide de référence québécois, Surmonter le trouble d’accumulation compulsive (TAC). S’aider soi-même, Soutenir, Intervenir, Garder l’espoir, sous la direction du Dr Pierre Rondeau et de Véronique Vallée, et rédigé entièrement de façon bénévole. Ce guide de plus de 300 pages s’adresse aux personnes aux prises avec le TAC, à leur famille ou à leurs proches, mais aussi aux équipes d’intervention et aux gestionnaires. Il s’agit d’un outil de référence incontournable pour quiconque souhaite mieux connaître le TAC, s’en sortir ou épauler une personne qui en souffre.
Selon le Dr Pierre Rondeau, « le nombre de personnes atteintes du trouble d’accumulation compulsive est grandement sous-estimé. Le TAC est un problème de santé publique important dont les impacts socio-économiques sont nombreux. Il engendre de la détresse et des incapacités chez les personnes qui le vivent ainsi qu’un fort sentiment d’impuissance dans leur entourage. Il est temps d’y affecter les ressources nécessaires, car il y a un besoin criant de services ».
« Les clients que j’accompagne ont souvent cogné à plusieurs portes pour trouver de l’aide, sans succès. La plupart sont ostracisés dans leur milieu. On comprend mal ce qui les afflige. Il y a beaucoup de travail d’éducation à faire. Le manque de connaissances et de services contribue à isoler les personnes accumulatrices, et parfois même, les précipite à la rue », ajoute Véronique Vallée, psychoéducatrice au CLSC Côte-des-Neiges.
Depuis 2015, le CATAC, par l’entremise de La Maison grise, a participé à la formation de plus de 4 000 professionnels pour accompagner cette clientèle. En dépit de cela, les services d’aide pour les personnes touchées par le TAC demeurent embryonnaires. À titre d’exemple, un nombre infime de CISSS, CIUSSS et CLSC et seuls quelques organismes communautaires du Québec offrent des services visant spécifiquement ce trouble. L’équipe de rédaction du guide a recensé les groupes de paroles et les organismes qui offrent de l’aide au désencombrement à travers le Québec, et au final, on en compte un nombre restreint. Enfin, il semble qu’aucun psychiatre au Québec n’en ait fait sa spécialité. Cet outil constitue un grand pas pour l’avancement de la cause.
Surmonter le trouble d’accumulation compulsive paraît le 17 mai. Cette date a été choisie en raison du « National Pack Rat Day », une journée d’entraide de désencombrement entre « amis » soulignée en plusieurs endroits en Amérique du Nord. Le CATAC a pris la décision de consacrer dorénavant la journée du 17 mai comme étant la Journée nationale du trouble d’accumulation compulsive.
Origine, définition et prévalence
Ce n’est que récemment, en 2013, que le trouble d’accumulation compulsive fait son apparition dans la cinquième version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux en tant que trouble distinct. Il se caractérise par une difficulté persistante à jeter ou se séparer de certains objets, indépendamment de leur valeur réelle. L’accumulation d’objets entraîne une détresse psychologique et des difficultés sociales. Le TAC touche entre 2 % et 6 % de la population, autant de femmes que d’hommes, soit plus de 223 000 Québécois (statistiques de 2021). Quelque 80 % à 90 % d’entre eux présentent des comportements d’acquisition compulsive.
Un outil essentiel pour démystifier le trouble d’accumulation compulsive
Le TAC est une maladie mentale qui se déclare la majorité du temps à l’adolescence, entre 11 et 15 ans. Cela fait moins d’une vingtaine d’années qu’il y a des recherches à ce sujet et les causes demeurent inconnues. Toutefois, on observe que 85 % des personnes qui accumulent rapportent avoir une mère ou un père atteint du même trouble. Des événements traumatiques peuvent déclencher l’apparition du trouble ou l’aggraver. Les personnes accumulatrices présentent des enjeux d’attachement et d’abandon ainsi que des difficultés liées à la prise de décision, notamment en raison de la présence de doutes obsessionnels. Les personnes vivant avec le TAC sont sujettes à développer des problèmes de santé, de dépression et d’anxiété, surtout la population grandissante des aînés. Elles sont aussi plus susceptibles d’être évincées de leur logement. Vingt-deux pour cent des personnes en situation d’itinérance souffrent du TAC.
Que faire pour aider une personne souffrant du trouble d’accumulation compulsive ?
Il existe de nombreuses stratégies qui ont fait leurs preuves pour venir en aide aux personnes accumulatrices ainsi que des groupes de parole, une démarche clinique, des interventions psychosociales, la psychothérapie, l’intervention sectorielle, etc. Tous ces renseignements et bien d’autres se retrouvent dans Surmonter le trouble d’accumulation compulsive (TAC). S’aider soi-même, Soutenir, Intervenir, Garder l’espoir. Se procurer ce guide sur le trouble d’accumulation compulsive, c’est venir en aide aux personnes accumulatrices. Lorsqu’elles sont accompagnées, leur situation s’améliore généralement.
À cet égard, la professeure Lyne Douville, qui est aujourd’hui retraitée du Département de psychoéducation et travail social de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), ainsi que chercheuse associée au Centre d’études interdisciplinaires de l’enfant et de la famille (CEIDEF), a collaboré à la rédaction du guide, en signant notamment un chapitre sur l’itinérance.
Des pistes pour l’avenir
En faisant mieux connaître le TAC par des activités de sensibilisation, d’information, mais aussi de formation, la population pourra mieux comprendre, accompagner ou intervenir. Le souhait du CATAC consiste à poursuivre ses démarches auprès du gouvernement pour que des gestes concrets soient posés, notamment la création d’une campagne de sensibilisation nationale, la mise sur pied de services d’accompagnement dans tous les CLSC de la province et l’attribution de financement pour le faire.
À propos du Comité d’action pour le trouble d’accumulation compulsive (CATAC)
Fondé en 2015, le CATAC réunit des bénévoles provenant de divers horizons professionnels ainsi que des personnes accumulatrices. Il a pour mission d’améliorer le sort des personnes qui vivent avec le trouble d’accumulation compulsive. Pour en savoir plus : www.accumulationcompulsive.ca.