Bien des gens pensent à tort que les études universitaires sont réservées à ceux qui ont complété une formation collégiale. En vérité, le chemin vers l’université n’est pas unique. Jean-Russ Dufour, étudiant de deuxième année au baccalauréat en administration des affaires de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), en sait quelque chose. Après quelques détours dans sa vie personnelle, il a entrepris un parcours des plus inspirants.
Natif de Jonquière dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Jean-Russ a fait son arrivée à Trois-Rivières il y a cinq ans. C’est son travail qui l’amène à s’installer dans la région : chef cuisinier en ascension, il se joint aux équipes d’établissements culinaires trifluviens de renom, comme Le Buck et Le Temps d’une Pinte.
« J’ai commencé à cuisiner à l’âge de 12 ans, en observant ma mère et ma grand-mère. Vers 16-17 ans, j’ai décidé d’exercer mon talent dans les cuisines, et d’en faire mon métier. Or, à partir de 2017, mon travail est devenu beaucoup plus exigeant, puisque je gérais une brigade d’une quarantaine de personnes. Ça devenait très prenant, alors j’ai commencé à me dire qu’après tant d’années derrière les fourneaux, j’étais peut-être mûr pour un changement », raconte-t-il.
Au même moment, Jean-Russ réalise qu’il y a dans son entourage des personnes qui fréquentent l’UQTR. Constatant leur épanouissement, il décide lui aussi de se lancer dans l’aventure en s’inscrivant à temps partiel au certificat en administration.
« J’ai découvert que les étudiants pouvaient être admis sur la base de leur expérience. J’ai donc pu suivre des cours de gestion, même si je n’ai pas de diplôme d’études collégiales. Certains pourraient voir mon retour aux études comme un pas en arrière, mais bien franchement, c’est la meilleure décision que j’ai prise de ma vie. Je n’ai jamais été aussi riche en relations humaines », affirme-t-il.
Matérialiser sa passion
Après avoir complété son certificat en 2019, Jean-Russ décide de faire le grand saut et de poursuivre ses études au baccalauréat. Il est convaincu que cette décision l’amènera vers quelque chose de plus grand.
« Je pense que j’ai un potentiel humain assez intéressant. Je peux faire tellement plus que servir des plats ! C’est un peu pour ça que j’ai perdu la flamme, je voulais faire quelque chose qui m’intéresse. J’ai toujours eu la fibre entrepreneuriale, mais je réalise maintenant que le travail en entreprise rend mes apprentissages concrets. Ça structure en quelque sorte ma formation, puisque la théorie devient une réponse à mes besoins », remarque-t-il.
D’abord inscrit au cheminement en gestion des ressources humaines, Jean-Russ décide en cours de route de changer pour celui en finance. Un choix qui, selon lui, va de soi.
« De façon intelligente, il fallait que je sois en finance pour avoir les moyens de mes ambitions. Tout le monde le dit : en affaires, le nerf de la guerre c’est l’argent. Ça devient donc essentiel que je comprenne mieux les obstacles qui vont se présenter devant moi, et que j’acquière les outils pour les surmonter », indique-t-il.
Profiter au maximum de l’expérience étudiante
Une fois replongé dans les études, Jean-Russ n’a pas tardé à saisir les opportunités qui se sont présentées à lui. En plus de participer aux activités du Carrefour d’entrepreneuriat et d’innovation Desjardins de l’UQTR, il est élu vice-président aux affaires académiques de l’Association des étudiants en sciences comptables et administratives (AESCA). À travers tout ça, il trouve également le temps de siéger au conseil d’administration de la Chasse-Galerie, et de devenir membre de la Jeune chambre de la Mauricie.
« La chose la plus importante que mon retour sur les bancs d’école m’a apportée, c’est un réseau de contacts. À 29 ans, je suis un peu plus vieux que la moyenne des étudiants du baccalauréat. Le fait de m’entourer de ces jeunes qui entament leur vingtaine contribue à ma propre réussite, car j’apprends beaucoup d’eux. Ils maîtrisent la technologie d’une manière incroyable ! En retour, je mets mon expérience à leur disposition. Je leur explique entre autres l’importance d’être préparés, et de savoir de quoi ils parlent », évoque l’étudiant en administration.
À la suite de l’élection du conseil exécutif de l’AESCA, les représentants nouvellement élus entrevoyaient une année remplie de promesses. Or, avec la pandémie de COVID-19, ils se sont retrouvés bien malgré eux dans une aventure assez différente.
« Comme je suis la voix des étudiants pour tout ce qui a trait à leurs études, c’est moi qui me suis retrouvé avec l’un des mandats les plus exigeants. Par contre, la transformation des modalités d’enseignement a aussi donné de l’importance à mon poste, alors je trouve ça très formateur. Et puis, après avoir passé 14 ans à travailler en restauration, je n’ai plus aucun mal à gérer les imprévus. Ça m’aide à mieux représenter les étudiants », soutient Jean-Russ.
Riche des collaborations humaines qu’il a développées à l’Université, l’étudiant en administration réitère l’importance des relations interpersonnelles, tant sur le plan social que professionnel.
« Il y a plusieurs personnes dans mon entourage avec qui je pourrais démarrer des projets. En fait, je crois que chacune des personnes qu’on rencontre au cours de notre vie peut nous apporter quelque chose. Pour ma part, j’espère faire une différence dans la vie des gens que je vais côtoyer. Si dans l’avenir je deviens gestionnaire d’entreprise, je tiens absolument à avoir un impact positif sur la société », conclut Jean-Russ.