Tous les étudiants rencontrent des difficultés à un moment ou à un autre de leur parcours. Certains doivent cependant faire preuve de courage dès leur premier jour d’université, et maintenir ce cran tout au long de leur formation. Dannys Flamand, étudiante au baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale au secondaire de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), se démarque à cet égard en conciliant ses études avec sa vie familiale.
Originaire de la communauté atikamekw de Manawan, la future enseignante a entrepris ses études dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle. Si l’on prend en considération le fait qu’elle est également la mère de trois enfants, il n’est pas exagéré de dire que Dannys incarne à merveille le mot « persévérance ».
Dès le début de son baccalauréat, elle avoue qu’elle ne savait pas trop dans quoi elle s’engageait. Toutefois, elle s’est fixé l’objectif d’aller au bout de ses études universitaires, et ce, malgré les défis que cela pouvait représenter. Sa mère, elle-même enseignante au primaire ayant réalisé sa formation de baccalauréat à l’Université du Québec à Chicoutimi, a été un modèle et une source d’inspiration dans son parcours.
Même si Dannys garde le souvenir des sacrifices que la famille a dû faire pendant les études de sa mère (la distance, le voyagement, l’éloignement de ses enfants pendant différentes périodes de sa formation), elle mentionne l’importance de poursuivre son cheminement universitaire vers la profession d’enseignante. C’est là où la persévérance prend également le sens d’une motivation autodéterminée !
La professeure Sylvie Ouellet, du Département des sciences de l’éducation, connaît Dannys depuis plusieurs années. Elle témoigne des enjeux qui ont ponctué son parcours ainsi que de sa détermination :
Malgré la venue d’un enfant au début de ses études, le dépaysement, les jugements des autres, les problèmes de santé, l’éloignement de sa communauté et de son territoire, Dannys a su garder le cap. Sa volonté de réussir, sa connaissance de soi ainsi que son regard lucide porté sur ses épreuves constituent de grandes qualités pour reconnaître les difficultés que peuvent éprouver les élèves de sa communauté.
L’importance de continuer
Pour bien comprendre cette détermination et ce qui l’a menée où elle se trouve présentement, il importe de relater quelques éléments du parcours de cette étudiante. À l’âge de 19 ans, mère d’un jeune garçon, elle quitte sa communauté dans le but de poursuivre ses études à la formation générale aux adultes. Elle termine alors ses études secondaires et obtient son DES en attente de l’arrivée de son deuxième enfant.
Elle souhaite alors s’inscrire en technique en éducation spécialisée au collégial. Ne pouvant être admise dans ce programme contingenté, elle complète plutôt un programme préuniversitaire en sciences humaines au Cégep régional de Lanaudière à Joliette. Alors qu’elle vient tout juste d’obtenir son diplôme d’études collégiales (DEC), Dannys débute son implication au Centre d’amitié autochtone de Lanaudière. Elle y anime les soirées jeunesse ainsi que des activités éducatives et culturelles pour les 12 à 17 ans. Aussi, en collaboration avec une enseignante retraitée, elle participe aux périodes d’aide aux devoirs après les classes.
Cette expérience a été déterminante sur son désir de mieux comprendre les notions de pédagogie pour pouvoir adapter l’enseignement et la formation auprès des jeunes de sa communauté dans leurs apprentissages scolaires. Puis, comme plusieurs jeunes adultes autochtones qui désirent poursuivre des études, elle quitte alors la ville de Joliette et déménage à Trois-Rivières afin d’entreprendre ses études à l’UQTR, accompagnée de son conjoint et de leurs deux enfants.
Dannys confie que sa propre adaptation au milieu universitaire et à la vie urbaine de Trois-Rivières a été difficile, particulièrement au début de sa formation. C’est sa persévérance, son désir d’aider les jeunes de sa communauté et le fait d’avoir appris à se faire confiance dans ce contexte nouveau qui ont progressivement permis une meilleure adaptation globale. Elle indique : « J’ai eu un choc dans les premiers mois. Je n’ai pas voulu m’arrêter et j’ai continué. Je ne suis pas quelqu’un qui abandonne facilement. J’ai envie de réaliser mon rêve et d’aider les jeunes de ma communauté. »
De plus, même si elle n’avait pas les meilleurs résultats scolaires, elle a su garder sa motivation dans ses études. Elle poursuit : « C’est quand je me faisais confiance que je réussissais mieux ! » Elle mentionne également que la présence et le soutien d’autres étudiantes autochtones dans son programme d’études l’ont grandement aidée à demeurer motivée.
Un autre enjeu important qui qualifie son parcours universitaire se situe dans la conciliation famille-études universitaires à temps plein. Aujourd’hui trois fois maman, elle indique qu’elle ne pourrait y arriver sans le soutien de son conjoint, de sa famille et de sa communauté. Elle avance que, dans sa situation, les études représentent un projet familial et pas seulement un projet personnel. Elle précise également que sa situation familiale a été prise en considération dans son cheminement et qu’elle a pu adapter son horaire pour le bien-être de sa famille.
La professeure Ouellet décrit également l’étudiante en ces mots :
Dannys Flamand est, tout en étant fragile et discrète, déterminée et courageuse, une femme vraiment très inspirante. Femme forte en douceur, réfléchie, rieuse et profonde, femme fière de sa Nation, de son peuple, au service de sa communauté, elle a fait le choix de retourner aux études pour devenir enseignante auprès des siens et pour contribuer à l’autodétermination des Premières Nations par l’éducation de leurs enfants.
Un nouveau chapitre
À la session d’automne 2021, Dannys se lancera dans la dernière étape de son baccalauréat. Consciente qu’il lui reste des défis à relever avant son entrée sur le marché du travail et le début de sa carrière d’enseignante, elle mentionne :
Je me dis que je suis fière d’être rendue là ! Je n’ai pas terminé [le baccalauréat], je dois encore continuer de donner des efforts, malgré les embûches et les événements qui m’ont touchée, je suis reconnaissante d’être rendue là. Tous les événements que j’ai vécus ont fait de moi une personne tenace, résiliente et persévérante. Même si la motivation me manquait par moment, il fallait que je continue.
Pour sa ténacité, Dannys a d’ailleurs remporté la bourse de ténacité 2020-2021 de la Fondation de l’Université du Québec, qui souligne l’accomplissement des étudiants autochtones dans leurs études universitaires. Forte de son identité d’enseignante en adaptation scolaire et sociale auprès des jeunes de la communauté atikamekw de Manawan, elle a démontré un parcours qui reflète la persévérance dans la conciliation de plusieurs sphères de sa vie.
**Texte rédigé par Olivier René, Caroline Vézina et Anthony Caron, Services aux étudiants UQTR.
Pour soumettre des candidatures ou pour connaître les lauréats antérieurs de Notre fierté UQTR, cliquez ici.