Tout au long de l’année, des séries de portraits mettront en lumière les gens qui ont consacré leur temps, leurs énergies et leur audace au service de l’UQTR et, plus largement, à la cause de l’enseignement supérieur en Mauricie-Aire Sud, comme l’on désignait à l’époque le Centre-du-Québec.
Cette première série est consacrée aux pionniers et aux fondateurs, issus à la fois du Centre des études universitaires (C.E.U.) et de l’École-Normale-Maurice-Le-Noblet-Duplessis (ÉNMLND), de même qu’à celles et ceux qui ont joint les rangs de la jeune UQTR.
Un nombre important d’acteurs régionaux – politiciens municipaux et provinciaux, frères, clercs et religieuses, laïcs et promoteurs des institutions d’enseignement et de la société civile – ont pris part, à partir des années 1930, au projet collectif d’université. Cette série de portraits ne prétend aucunement à l’exhaustivité, mais souhaite faire connaître quelques figures incontournables de la fondation de l’Université.
Le comité de planification
Ce comité local avait pour mandat de prévoir l’organisation de la future UQTR. Il a déposé son rapport au gouvernement en janvier 1969.
- Président (et représentant socioéconomique) : Henri Audet
- Secrétaire : André Brousseau[1] (C.E.U.)
- Représentants des établissements scolaires : Gilles Boulet (recteur du C.E.U.) et Robert Champagne[2] (directeur de l’ÉNMLND)
- Représentants du personnel enseignant : Paul Gagné (ÉNMLND) et Marcel Lefebvre (C.E.U.)
- Représentants étudiants : Gilles Julien (ÉNMLND) et Réginald Samson (C.E.U.)
- Représentants socioéconomiques : Gérald Durocher (DG du conseil économique régional de la Mauricie) et Raymond Loranger (secrétaire général du Cégep de Trois-Rivières)
- Représentants du milieu universitaire : Maurice Boisvert (vice-doyen, Faculté des sciences, U. Laval) et Jacques Brazeau (Département de sociologie, U. de Montréal)
- Représentants du ministère de l’Éducation : Louis Rousseau et Pierre Martin[3]
- Représentants de la mission de la formation des maîtres : Jean-Bernard Guindon et Roger Lamy
Le premier conseil d’administration
La première réunion du CA a lieu le 30 avril 1969. Au départ, il est composé des quatre membres suivants :
- Henri Audet, président
- Gilles Boulet, recteur
- Jérôme Loranger, notaire
- André Piché[4], secrétaire (Maurice Borduas sera désigné comme secrétaire lors de cette réunion)
Henri Audet (1918-2012)
Ingénieur électrique, diplômé de Polytechnique et du Massachusetts Institute of Technology (M.I.T.). Il fut reconnu comme l’un des spécialistes les plus réputés du monde de la radio et de la télévision. Embauché à Radio-Canada en 1945, il a participé à la naissance de la télévision en français. En 1957, il fonde à Trois-Rivières une station de télévision affiliée à la SRC. Il sera président de CKTM-TV et fondateur de Cogeco ; président de l’Association canadienne des radiodiffuseurs et télédiffuseurs de 1961 à 1964 et, à partir de 1968, très impliqué auprès de l’UQTR dont il fut jusqu’en 1975 le premier président du conseil d’administration. L’UQTR lui décernera en 1974 un Doctorat honoris causa ; il est Reçu Membre de l’Ordre du Canada en 1984.
Gilles Boulet (1926-1997)
Figure centrale de l’émergence et du déploiement du fait universitaire en Mauricie, Gilles Boulet fut de toutes les étapes menant aux lettres patentes de l’UQTR. Il a mené deux grandes transformations pour favoriser l’épanouissement humain : la création du C.E.U., d’abord, puis sa fusion avec l’ÉNMLND, qui permettra de créer l’UQTR. Bâtisseur visionnaire aux valeurs profondément humanistes, Gilles Boulet a consacré sa vie à « favoriser l’épanouissement humain » [ses propres paroles] par la valorisation de l’éducation et en dirigeant les dix premières années de l’UQTR. Reconnu comme recteur-fondateur en 1979, il assumera la présidence de l’Université du Québec entre 1978 et 1988. Il fut le premier directeur du Musée Pop (Musée des arts et traditions populaires). Décoré tour à tour de la Médaille du Québec, de l’Ordre du Canada et de la Légion d’honneur de France, il a reçu deux doctorats honoris causa, l’un de l’Université fédérale de Rio Grande do Norte, au Brésil (1983) et l’autre, à titre posthume, de l’UQTR (1999). Le 24 septembre 2018, il a reçu à titre posthume la Médaille du 50e de l’Université du Québec.
La première direction de l’UQTR
C’est lors de la première réunion du CA que sont faites les premières nominations de la haute-direction et de cadres administratifs et académiques, mais des nominations se succéderont en cours d’année, ainsi qu’en 1970, pour compléter la première équipe de direction. Le recteur reçoit d’ailleurs le mandat de recruter un vice-recteur académique dès cette première réunion. C’est une vice-rectrice qui sera recrutée, une première dans le monde universitaire québécois.
Livia Thur
Née en 1928 en Hongrie, Livia Thur fait des études à l’Université catholique de Louvain avant d’intégrer, en 1958, le département de sciences économiques de l’Université de Montréal, où elle complètera un doctorat. En 1967, elle devient la première femme à siéger au Conseil de l’Université de Montréal. En 1969, quand elle entreprend son mandat de vice-rectrice à l’UQTR, elle est la première femme à occuper un poste de ce type, au Québec. En 1974, elle deviendra la première femme présidente de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences, l’AFCAS. Son passage à l’UQTR sera bref, elle quittera en décembre 1973[5].
Le comité de direction de l’UQTR (entre 1969 et 1971) :
- Recteur, Gilles Boulet
- Vice-recteur à l’administration, François Soumis[6]
- Vice-rectrice à l’enseignement et à la recherche, Livia Thur (nommée au CA du 6 octobre 1969)
- Vice-recteur aux communications (et secrétaire général), André Brousseau
- Vice-recteur aux affaires étudiantes, Jean-Guy Béliveau
- Doyen du 1er cycle, Christian Demers[7]
- Doyen des études avancées et de la recherche, Jacques R. Parent[8] (nommé au CA du 6 octobre 1969)
- Directeur des budgets, Bernard Lorrain
- Directeur de la planification, Robert Champagne
Références
[1] André Brousseau fait partie des pionniers qui sont passés du C.E.U. à l’UQTR. Il s’est vu décerner en 2012 la Médaille de l’UQTR en reconnaissance de « son apport distinctif au développement de l’Université et à la vie de la communauté universitaire par sa participation, dès 1963, à l’enseignement et à l’administration du [C.E.U.] ainsi qu’au comité de planification […], le caractère remarquable de ses réalisations, telles la mise sur pied du premier service de secrétariat général et des archives […], de même que par sa participation active à la création de la Fondation du C.E.U. […] » (2012-CA566-13.01-R6042).
[2] Robert Champagne a reçu en 1994 la Médaille de l’UQTR, « pour sa participation remarquable aux travaux du Comité de recherche et développement de l’implantation des campus du réseau de l’UQ […], pour son implication active à la planification et à la mise en place du campus universitaire trifluvien, ainsi que pour son apport significatif au développement des sciences de l’éducation […] » (CA-94-01-17)
[3] Pierre Martin est à l’origine de la Loi sur l’UQ et fut le premier vice-président à la planification du réseau de l’UQ, de 1969 à 1973.
[4] André Piché a reçu en 1982 un Diplôme d’honneur de l’UQTR, en tant que membre fondateur de l’UQTR.
[5] Pour en savoir davantage sur Livia Thur (et entendre son bel accent !), voir ce site de l’ACFAS et un entretien réalisé en 1992 par l’historien et sociologue des sciences, Yves Gingras : https://www.acfas.ca/publications/decouvrir/2018/06/livia-thur-premiere-presidente-acfas.
[6] François Soumis a reçu la Médaille de l’UQTR en 1996, « pour son engagement professionnel dans le secteur des affaires sociales et administratives ; pour l’importance, la longévité et la qualité de sa contribution au développement et à la gestion du Régime de retraite de l’UQ ; pour son apport tout à fait particulier à l’élaboration et au développement du patrimoine bâti de l’UQTR » (CA-96-03-25.02)
[7] Christian Demers a reçu la Médaille de l’UQTR en 1997, « pour son engagement inconditionnel dans l’implantation de l’UQTR ; pour sa participation particulièrement significative au développement de l’Université, tant dans ses fonctions d’enseignement […] que dans de multiples mandats de direction ou de représentation toujours accomplis avec un dévouement et un professionnalisme exemplaires » (CA-97-03-08).
[8] Jacques R. Parent fera l’objet d’un portrait à l’occasion d’une autre série.