Au Canada, le 21 juin est la Journée nationale des peuples autochtones. Si cette célébration est une belle occasion de s’initier aux cultures des Premières Nations, la professeure Mélissa Thériault, du Département de philosophie et des arts de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), croit qu’il est important d’en apprendre davantage sur les peuples autochtones tout au long de l’année.
« C’est une rencontre avec une étudiante qui est à l’origine de cette prise de conscience. J’ai réalisé que mon enseignement n’abordait jamais les questions autochtones, alors qu’elles sont d’une grande actualité et d’une grande importance. Je trouvais irrespectueux de ma part de ne presque rien connaître de la culture atikamekw, qui est très riche et très ancienne, alors j’ai décidé d’apprendre et d’adapter mon enseignement », témoigne Mme Thériault.
Abordant la décolonialisation dans une perspective philosophique, la professeure souhaite contribuer à visibiliser les cultures autochtones dans le domaine de l’éducation.
« Cet automne, je prévois donner un cours de premier cycle dont le contenu sera axé sur la question autochtone. Comme je suis spécialisée en philosophie de l’art, c’est par « l’artivisme » (l’utilisation de l’art pour défendre une cause sociale ou politique) que j’aborderai ce thème. À travers l’art, les membres des communautés autochtones peuvent s’exprimer, revendiquer et partager leur culture. Le fait de parler de sa culture par un moyen artistique constitue en effet une forme de revendication en soi », indique-t-elle.
Féminisme et question autochtone
Soucieuse d’intégrer une perspective féministe à ses recherches, Mme Thériault fait également un lien entre les luttes des femmes et les revendications autochtones.
« Les mouvements féministes et autochtones s’organisent souvent en collaboration, parce qu’ils contestent tous les deux un problème de domination. Le mouvement Idle No More, qui milite pour les droits des Premières Nations et dont on entend parler depuis 2012, était à l’origine composé de femmes impliquées dans leur communauté. C’est un exemple concret d’implication féministe qui s’est élargi à d’autres enjeux, dans ce cas-ci les enjeux autochtones », souligne la professeure.
Approfondir ses connaissances
À l’UQTR, il existe désormais un cercle de partage autochtone ouvert à toutes les personnes qui s’intéressent à la question des Premières Nations. Cette initiative, qui a vu le jour au Département des sciences infirmières, permet ainsi de dialoguer dans une perspective de compréhension mutuelle.
Certaines marques d’intérêt envers les peuples autochtones ont aussi émergé au sein de la communauté universitaire. À cet égard, Chloé Rousseau, étudiante en philosophie, a réalisé un reportage sur la réalité des étudiants autochtones.
Autrement, Mme Thériault invite tout un chacun à améliorer ses connaissances de Premières Nations.
« Je consulte régulièrement le portail « Espaces autochtones« , et j’y découvre le travail de personnes qui sont impliquées dans la mise en valeur de leur culture. On peut notamment citer Nicole Petiquay, qui est très connue dans la région pour son travail de mise en valeur de la langue atikamekw. Il n’y a pas à dire, les cultures autochtones sont en constante évolution malgré leur caractère ancestral. Nous avons beaucoup à apprendre », conclut Mme Thériault.