Tous les hommes portent le même nom[i] : humains de toutes races, de toutes couleurs, de tous pays, soit «homme». La polysémie de ce mot, son côté discriminatif, la grande place qu’il occupe dans les dictionnaires nous amènent à réfléchir à son sujet.
Ainsi, il prend plusieurs sens : être humain, membre de l’humanité, être humain mâle, individu dépendant d’un autre, etc. Il devient même grenouille, orchestre, sandwich, de main, Dieu et surhomme. Bref, un homme à tout faire! Donc, discriminant, voire sexiste, au détriment du mot femme. En raison de l’absence d’un genre neutre en français, contrairement au neutre anglais attribué aux noms ne faisant référence ni aux hommes ni aux femmes, le masculin joue parfois de ce rôle en français.
Le mot homme est un bel exemple de cette appropriation. Ainsi, remarquez l’effet provoqué, si l’on (qui vient du latin homo « homme ») défige, en changeant homme par femme, certaines expressions : comme une seule femme?, du Fils de la femme (le Christ)?, la femme de la rue?
La langue est fasciste, disait le sémiologue et écrivain français Roland Barthes. Elle impose les valeurs qui vont avec les mots; on ne peut y échapper. Par contre, hommes de Gatien Lapointe, dans le titre, laisse entendre une humanité universelle et laisse espérer qu’un jour, tous les humains vivront dans une réelle égalité entre hommes et femmes. Utopique?
[i] Exergue du recueil de poèmes J’appartiens à la terre, Gatien Lapointe (1985), Ode au Saint-Laurent – précédée de J’appartiens à la terre, Trois-Rivières, Les éditions du Zéphyr, p. 10. L’auteur a été professeur au Département de français de l’UQTR de 1969 à 1983.