Né en 2015 de la volonté d’une poignée de chercheurs de créer une entité de recherche centrée sur cette problématique, notamment en documentant la constitution et l’évolution des publics dans l’ensemble du champ culturel, le LRPC peut se targuer de ne pas faire les choses à moitié. En effet, moins de deux ans après sa création, il a plusieurs projets d’envergure complétés et en cours à son actif, de même que plus d’une trentaine de membres réguliers, associés et étudiants.
Chaque membre se rattache à au moins un des trois axes de recherche qui guident l’ensemble des travaux menés au Laboratoire : esthétique; communication et éducation; théories et méthodes. « Nous nous intéressons plus précisément aux esthétiques destinées aux publics, aux technologies qui façonnent leur expérience, aux lieux et pratiques qui cherchent à les attirer et à les fidéliser, de même qu’aux stratégies de communication et à l’éducation, tous deux nécessaires à la passation de la culture », détaille Hervé Guay, qui œuvre avec Jason Luckerhoff à titre de codirecteur du Laboratoire.
Parmi les membres permanents se trouvent trois professeurs du Département de lettres et communication sociale, auquel est rattaché le Laboratoire : les deux codirecteurs ainsi que Mathilde Barraband. À eux se joignent les professeures Marie-Claude Larouche et Marie-Claude Lapointe, respectivement des départements des sciences de l’éducation et d’études en loisir, culture et tourisme. Une dizaine de membres associés et près d’une vingtaine d’étudiants font également partie du LRPC. Ceux-ci proviennent d’horizons divers : muséologie, économie, sociologie, philosophie, littérature, géographie… Mais peu importe la discipline, chacun semble avoir été contaminé par le dynamisme et l’esprit de mise en commun des connaissances qui règne au Laboratoire; en témoignent les projets, fruits d’un travail d’équipe interdisciplinaire poussé par un intérêt commun pour la culture et ses publics.
Écrire ensemble
En 2016, le LRPC a reçu une commande afin de rédiger une notice encyclopédique sur les publics et les non-publics. « Cette demande de notice a été une excellente nouvelle pour le LRPC puisqu’il s’agit d’une reconnaissance de son expertise sur le sujet. Aucun de ses membres n’aurait probablement été contacté individuellement pour ce faire, concède le professeur Jason Luckerhoff, alors il allait de soi pour nous de reconnaître que notre union fait notre force et de l’exploiter au maximum. » Ainsi, afin de s’assurer de remettre un exposé qui rende bien compte des points de vue des chercheurs et des différentes disciplines qui convergent au Laboratoire, les cinq membres permanents n’ont fait ni une ni deux; ils ont entrepris de rédiger ensemble cette notice!
Dans le même esprit a été pensé l’ouvrage collectif Les publics de la culture (PUQ, collection Culture et publics), dont un grand nombre d’articles étaient rédigés succinctement (6000 mots maximum) par 2 ou 3 chercheurs afin de développer la cohésion et un regard résolument interdisciplinaire au sein du Laboratoire. Ainsi, étudiants et chercheurs ont temporairement mis de côté leurs projets personnels pour créer un projet tout autre; par exemple, l’initiative a amené le doctorant Stéphane Labbé, en collaboration avec Jason Luckerhoff et le professeur au Département de génie industriel Pascal Forget, à vérifier si l’approche d’amélioration continue Lean pouvait être adaptée aux bibliothèques publiques.
Un colloque, des références, un pont
Fort d’un premier colloque organisé en mai 2016 dans le cadre du congrès de l’Acfas et d’un deuxième à l’automne suivant avec des étudiants, le LRPC a décidé d’en remettre et, à l’aide de subventions plus substantielles, d’organiser en 2017 un colloque où seraient invités 12 chercheurs francophones parmi les plus influents dans le champ de la muséologie ces 50 dernières années. Tous ont accepté, dont le fondateur du premier programme d’études supérieures québécois en muséologie (Bernard Schiele) et des figures emblématiques du Laboratoire culture et communication de l’école d’Avignon, qui a eu une très forte influence sur la muséologie francophone. Des chercheurs belges faisaient aussi partie de l’aventure.
Si nous précisons d’emblée « francophone », c’est que la langue a toujours joué un rôle fondamental sur le plan de la recherche en muséologie; les francophones d’un côté, les anglophones de l’autre, les uns lisant peu les travaux des autres. Ainsi, outre la pérennisation du contenu des communications grâce aux actes du colloque sous forme d’ouvrage scientifique, le LRPC avait également le souci de contribuer à briser cette barrière en faisant traduire cet ouvrage de référence pour les chercheurs anglophones. Un premier pont s’est ainsi établi entre ces deux solitudes.