Fascinante et surprenante, créative et influente : lorsque vient le temps de décrire la première modernité, cette époque qui s’étend du 16e au 18e siècle, le professeur Marc André Bernier ne manque pas de qualificatifs pour évoquer cette importante période de l’histoire de notre civilisation.
La première modernité, faut-il se le rappeler, a été marquée par de grandes innovations et découvertes. On n’a qu’à penser à l’invention de l’imprimerie qui, à l’époque, provoque des bouleversements comparables à ceux que nous connaissons depuis la venue de l’Internet. Mentionnons également la découverte des Amériques, qui a provoqué des changements aussi bien économiques que culturels, ou encore l’avènement des premières républiques démocratiques, phénomènes qu’ont accompagnés le développement de la science moderne et les immenses impacts sociétaux qu’elle a générés.
« Il s’agit d’une époque véritablement fondatrice ! À peu près toutes les notions et les concepts de la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui ont été inventés à cette époque-là, qu’il s’agisse de ceux auxquels recourent la politique, l’économie ou l’éducation. Cette période est donc d’une très grande vitalité inventive, et c’est ce qui la rend si passionnante à étudier », explique M. Bernier.
Étudier l’histoire sous tous les angles
Voilà maintenant plus de vingt ans que ce professeur du Département de lettres et communication sociale de l’UQTR consacre l’essentiel de ses travaux à la première modernité. Avec plus de 300 ans d’histoire et une infinie possibilité de sujets à analyser, Marc André Bernier compte sur l’appui d’une cinquantaine de collègues qui, comme membres réguliers ou associés, mettent leur savoir au service du Centre interuniversitaire de recherche sur la première modernité (CIREM 16-18).
Créé il y a 20 ans sous la forme d’un cercle, puis reconnu en tant que regroupement stratégique par le FRQSC en 2017, ce centre de recherche a pour particularité de regrouper des chercheurs issus de plusieurs disciplines. La réunion de littéraires, philosophes, historiens et historiens de l’art, qui posent chacun un regard différent sur la première modernité, confère ainsi à l’identité du CIREM 16-18 une forte dimension interdisciplinaire.
« En tant qu’historien de la rhétorique, je trouve qu’il est absolument fascinant de croiser le regard que je porte sur certains sujets avec mes collègues qui, eux, possèdent leurs propres expertises », explique celui qui a présidé à la naissance du CIREM 16-18 entre 2013 et 2016.
Un pôle important à l’UQTR
Grâce à son Laboratoire sur l’histoire et la pensée modernes (LHPM), l’UQTR constitue l’un des quatre pôles dirigeants du CIREM 16-18. Les autres pôles sont situés à l’Université Laval (Cercle universitaire d’étude sur la République des Lettres), à l’Université du Québec à Montréal (Groupe de recherche en histoire des sociabilités) et à l’Université du Québec à Rimouski (Centre Joseph-Charles Taché).
Dirigé par le professeur Bernier, le Laboratoire sur l’histoire et la pensée modernes compte près de 30 membres, dont 4 professeurs et 24 étudiants de cycles supérieurs. Il a pour objectif de mieux connaître le passé pour mieux comprendre le présent, en interrogeant notre époque à partir de ce qui en représente les savoirs fondateurs et les pratiques culturelles constitutives.
Pour arriver à ses objectifs de recherche, ce laboratoire place le livre, son histoire et sa circulation, mais aussi la réédition des textes, au cœur d’une programmation scientifique qui se structure en fonction de trois grands axes de recherche. Le premier regroupe les travaux portant sur la République des Lettres européenne et la naissance de la rationalité moderne. Le second porte précisément sur le livre au sein de l’espace-monde de la première modernité, alors que le troisième axe concerne le rapport sensible à soi et aux autres, c’est-à-dire à la dimension affective de l’expérience de soi et de la relation à autrui.
« Nous vivons dans une ère de constante remise en question. Il est donc primordial de bien connaître notre passé, afin de mieux comprendre la genèse des questionnements actuels. Une meilleure connaissance du passé apporte plus de discernement critique et plus de profondeur à toute réflexion sur le temps présent, et c’est ce qui rend notre travail si passionnant », explique M. Bernier.
Colloque international en octobre
Du 25 au 26 octobre, le Centre interuniversitaire de recherche sur la première modernité tiendra son premier colloque international à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (Montréal).
Sous le thème « Émotions en bataille », ce colloque prêtera une attention particulière aux interactions entre les émotions et l’imaginaire, aux évolutions qu’ont connues leur théorisation et leurs représentations, mais également leurs impacts sur des institutions sociales aussi variés que le couple ou la famille, le droit ou la religion.