Au Canada, 76 % des hommes et 79 % des femmes adultes ne font pas le minimum d’activité physique recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé, soit 150 minutes par semaine. Cette sédentarité a des répercussions importantes sur la santé, car il est clairement établi que l’activité physique régulière joue un rôle majeur dans la prévention de plusieurs conditions pathologiques, notamment les maladies cardiovasculaires, l’ostéoporose, le diabète, l’obésité, l’hypertension, la dyslipidémie, la dépression, le stress et l’anxiété.
La prévention du cancer est certainement un des effets positifs de l’exercice qui demeure le plus méconnu. Un grand nombre d’études ont en effet démontré que les personnes les plus actives physiquement voient considérablement réduit leur risque d’être touchées par plusieurs cancers, comparativement à celles qui ont un mode de vie sédentaire. Cet effet protecteur est particulièrement bien documenté pour les cancers du côlon et du sein, avec des réductions moyennes de risque de 25 % qui ont été observées dans des dizaines d’études ; de plus, une analyse systématique récente indique que l’exercice physique régulier réduit le risque d’au moins 11 types de cancers additionnels, incluant certains cancers qui demeurent très difficiles à traiter efficacement (œsophage, poumon, rein).
Ces effets positifs ne sont pas surprenants : être actif physiquement ne se limite pas à faire bouger les muscles, mais induit également une série de modifications biochimiques et physiologiques capables de créer un climat inhospitalier pour les cellules cancéreuses et qui interfère avec leur progression en cancer avancé. Un des effets les plus importants de l’activité physique est sans doute de réduire l’inflammation chronique à l’intérieur du corps, ce qui prive du même coup les cellules cancéreuses encore immatures d’un outil indispensable à leur croissance. Les muscles des personnes actives captent aussi beaucoup mieux le sucre sanguin en réponse à l’insuline, ce qui permet au pancréas de sécréter de plus faibles quantités de cette hormone et de réduire ainsi ses effets néfastes sur la croissance des cellules cancéreuses.
Il ne faut aussi certainement pas négliger l’impact positif de l’activité physique régulière sur le contrôle du poids corporel : les personnes actives sont généralement plus minces que celles qui sont sédentaires, et cet excès de graisse augmente significativement le risque de cancer en raison de la surproduction de molécules inflammatoires et d’insuline. Tous ces facteurs font de l’activité physique un ingrédient indispensable à la prévention du cancer, dont le potentiel demeure encore largement inexploité dans les sociétés industrialisées, où la majorité des gens sont inactifs physiquement.
À l’heure actuelle, faire de l’exercice est trop souvent vu seulement comme une façon de «brûler» les calories pour conserver la ligne ou éliminer quelques kilos en trop. Cette vision est beaucoup trop réductrice et il faut plutôt considérer l’activité physique comme un ingrédient essentiel à la prévention des maladies chroniques, incluant un grand nombre de cancers, et à une augmentation de notre qualité de vie. Avec, en prime, l’euphorie générée par la production d’endorphines et d’endocannabinoïdes qui accompagnent l’effort physique !