Dès qu’une naissance s’annonce dans une famille, s’amorcent alors des réflexions à propos du choix du prénom de l’enfant. Si les futurs parents ont déjà un prénom en vue, la question est réglée. Point barre! Sinon, les proches s’interposent pour y aller de leurs suggestions souvent amenées à la suite de délibérations ou d’un remue-méninges. Mais attention, l’opération n’est pas sans risques!
Voir à ce sujet le film Le prénom[i] dans lequel un conflit éclate lors d’un repas entre amis, discorde suscitée par le prénom Adolphe choisi par les parents hôtes. Les invités s’insurgent parce qu’ils prétendent que ce prénom est tabou depuis Hitler. Arrêtons-nous sur les critères, linguistiques ou autres, souvent pris en considération pour la sélection d’un prénom.
Les tendances, les prénoms à la mode, au moment de la naissance sont souvent privilégiés. Ainsi, les trois prénoms les plus populaires au Québec en 2017 étaient, pour les filles, Emma, Léa, Alice et, pour les garçons, William, Logan, Liam.
Les noms des vedettes de l’heure (sport, cinéma, musique, personnages de fiction, etc.) ont, et ont toujours eu, aussi la cote. Ou encore, les prénoms huppés BCBG. Rappelons-nous Nadia qui a atteint un sommet en 1977, suite à la performance de la gymnaste Nadia Comaneci aux Jeux Olympiques (1976) de Montréal et «c’est l’aura de Romy Schneider (1938-1982) qui propulsa son prénom au plan international»[ii].
Ou encore, la sélection sera justifiée par un sentiment affectif qui attache un prénom à une personne, inspiré souvent par la reprise du prénom d’un proche disparu ou celui du parrain ou de la marraine. Il semble que ce fut une tradition à une certaine époque, et ce, en guise d’hommage.
On pourrait facilement allonger cette liste de raisons prises en compte dans la quête d’un petit nom idéal.
En outre, l’actualité québécoise nous rapporte des choix qu’on peut qualifier d’excentriques, notamment celui de Spatule (nom d’oiseau) qui avait été refusé, en 1996, par l’État civil. Dans tous les cas semblables, l’enfant et l’adulte en devenir, souffrira de ces excès.
À éviter aussi, un prénom qui se marie mal au nom de famille, soit du point de vue euphonie, ou celui d’un lien sémantique malencontreux, comme Yvan Dubois, pour donner un exemple tiré par les cheveux. Et pour les éventuels diminutifs (certains n’aiment pas), éviter les Benoît, Léonard, Philippe, etc.; les prénoms monosyllabiques ne risquent rien dans ce cas.
Cela dit, à la limite, il n’y a pas de prénoms beaux ou laids. Linguistiquement parlant, un prénom est un son ou suites de sons (phonèmes) auxquels correspondent arbitrairement une notion, soit, ici, le bébé. La motivation dictant un choix relève d’une impression subjective qui pourrait découler de la fonction poétique du langage axée sur le message.
Références
[i] Film d’Alexandre de La Pattelière et Matthieu Delaporte (2012).
[ii] Sautereau, Serge (2005) Le Livre mondial des prénoms, Éditions du Rocher, p. 500.