Un peu plus de 97 % des cas de cancer du col de l’utérus sont liés au virus du papillome humain (VPH), une infection transmissible sexuellement très contagieuse. Pour le jeune chercheur François Fabi, doctorant en biologie cellulaire et moléculaire à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), « il faut traiter le cancer du col de l’utérus comme une épidémie virale plutôt que comme un cas classique. Nous avons la possibilité de l’éradiquer en utilisant une stratégie préventive plutôt que curative. Et nous sommes sur la bonne voie : le nombre de cas chute année après année ».
Comme le VPH constitue la source de la très grande majorité des cancers du col de l’utérus, la prévention reste l’arme la plus efficace. D’où l’importance de la vaccination, d’autant que d’autres cancers liés au VPH peuvent toucher aussi les hommes : cancer de la gorge et de l’anus, par exemple. « On parle beaucoup du cancer du col de l’utérus parce que l’association est forte dans le discours social, mais il y a un avantage pour tous à continuer et renforcer les campagnes de vaccination chez les adolescents », soutient François Fabi, dont les travaux de recherche portent sur les cancers gynécologiques, plus particulièrement ovariens et endométriaux.
Il poursuit en citant comme exemple l’Australie : « Depuis 2007, une campagne de sensibilisation porte à la fois sur l’éducation sexuelle et sur l’importance de la vaccination contre le VPH chez les jeunes. Et aujourd’hui, les autorités de la santé publique affirment qu’en 2020, le cancer du col de l’utérus sera une affection rare et considèrent, d’un point de vue épidémiologique, qu’elle aura disparu de l’Australie d’ici 2028. »
Pour les personnes qui ne sont pas vaccinées…
Au Canada, on estime que 75 % de la population aura contracté le VPH; néanmoins, seulement certaines souches bien spécifiques du virus peuvent générer un cancer du col de l’utérus. Malgré la prévention et le dépistage, 1550 Canadiennes en seront atteintes en 2018 et 400 d’entre elles en mourront.
« Pour les personnes non vaccinées, le cancer du col de l’utérus peut être détecté rapidement et efficacement parce que, comme société, nous avons mis en place des stratégies de dépistage précoce, au premier plan le test PAP. Et comme la transformation cellulaire vers ce cancer est observable à un stade très précoce, on peut rapidement procéder à une chirurgie et, si nécessaire, à de la radiothérapie lorsque la tumeur est localisée », explique M. Fabi.
Lorsque le cancer frappe
Le cancer du col de l’utérus est une tumeur maligne, ce qui signifie que les métastases peuvent se propager à d’autres parties du corps. Cette prolifération néfaste se fait de manière chaotique, faisant dire à François Fabi que l’hétérogénéité des tumeurs rend difficile d’élucider les mécanismes associés au cancer et, conséquemment, les approches thérapeutiques classiques ont démontré une inefficacité relative. Du moins, pour l’instant…
Une partie des recherches menées au Laboratoire de gynéco-oncologie moléculaire du chercheur Éric Asselin, professeur au Département de biologie médicale de l’UQTR, visent à améliorer les stratégies de lutte contre les cancers gynécologiques en combinant deux thérapies. « Nous voulons potentialiser la chimiothérapie pour augmenter les taux de survie lorsque les cancers sont avancés et délocalisés », affirme François Fabi, dont la thèse de doctorat est dirigée par le professeur Asselin.
De fait, l’efficacité de la chimiothérapie diminue drastiquement dans le stade avancé d’un cancer. Les cancers résistent aux traitements de chimiothérapie – ce qu’on appelle la chimiorésistance –, qui se trouvent alors être utilisés de façon davantage palliative que curative.
Les traitements actuels reposent sur une thérapie cytotoxique, c’est-à-dire qu’on envoie une molécule toxique – la cisplatine – tuer les cellules cancéreuses. « Nous pensons que c’est insuffisant, dans le sens où la molécule cisplatine n’est peut-être pas capable, à elle seule, d’anéantir toutes les cellules affectées par la tumeur », précise le jeune chercheur de l’UQTR. D’où l’intérêt des thérapies combinées.
Combiner les thérapies
François Fabi ajoute, en concluant : « On croit donc qu’il faut attaquer les tumeurs sous plusieurs angles. On affaiblirait d’abord les cellules infectées grâce à une thérapie ciblant un mécanisme moléculaire particulier, et ensuite on les achèverait avec l’approche cytotoxique. Cela permettrait d’augmenter l’efficacité des traitements et de réduire les doses données aux patientes, avec une diminution potentielle des effets secondaires. Du coup, on améliorerait drastiquement le pronostique des femmes atteintes de cancers gynécologiques. »