Dans la foulée de la mobilisation mondiale pour le climat, l’occasion était trop belle pour proposer quelques « arrêts sur images » et esquisser à grands traits certains souvenirs de l’évolution d’un secteur qui fait partie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) depuis son ouverture : l’écologie et les sciences de l’environnement.
Le terme « écologie » fait son entrée dans le langage courant à la fin des années 60, en même temps qu’il devient un nouvel objet d’études et de science, notamment dans ces « nouvelles universités nouvelles » que sont les constituantes de l’Université du Québec (UQ).
Ce nouveau domaine, difficile à circonscrire parce que multidisciplinaire par nature, est l’un de ceux pour lesquels les « institutions de l’UQ [ont été] des précurseurs[1] ». D’ailleurs, l’intérêt pour la vaste question de l’environnement « peut très clairement être considéré à la fois comme une composante identitaire importante [du réseau UQ] et comme champ porteur d’avenir ».
Le réseau UQ « constitue aujourd’hui l’un des plus importants pôles en sciences de l’environnement au Canada » et le chapitre uqutérien en la matière montre à quel point les pionniers ont fait preuve de vision. Voici, en pièces détachées, une petite histoire incomplète d’un secteur cinquantenaire et inachevée, parce qu’en plein bouillonnement, encore aujourd’hui.
Genèse du Baccalauréat en sciences biologiques et écologiques
Au printemps 1969, dès que Gilles Boulet est confirmé dans ses fonctions de recteur, le recrutement de nouveaux professeurs qui viendront s’ajouter au contingent enseignant de l’École normale Maurice Duplessis et du C.E.U. s’organise. Certains viendront de très loin, mais le recteur Boulet et son équipe ont aussi un œil sur les alentours, à l’affût de quelques jeunes figures formées dans ces domaines que l’UQTR souhaite investir en enseignement, en formation et en recherche.
C’est dans ces circonstances qu’ont été embauchés, quelques mois avant la rentrée, Guy Vaillancourt, Jean-Pierre Bourassa et sœur Estelle Lacoursière. Au terme d’une réunion avec le doyen des études de 1er cycle, nos trois jeunes protagonistes ont une mission bien précise : inventer un programme pour septembre.
Ils se sont donnés rendez-vous au Collège Marie-de-l’Incarnation où enseignait alors sœur Estelle, ils ont pris place dans une classe et ont dressé la liste de tous les cours qu’ils avaient respectivement suivis lors de leur cursus scolaire. C’est sur la base de cette liste que le programme de l’UQTR est né. Et c’est à ce moment également que les professeurs ont fait le choix d’orienter le programme, tout comme les activités scientifiques, sur l’eau et sur l’écologie.
Mais encore a-t-il fallu, durant trois ans, le temps que dure un baccalauréat, préparer tous les cours du programme d’un trimestre à l’autre, rédiger les plans de cours, faire les commandes de matériel comme les loupes, les microscopes et des équipements nécessaires à l’enseignement. Il fallait aussi remplir les tablettes de la bibliothèque de volumes, monographies, littérature scientifique : le recteur avait mandaté le professeur Jean-Pierre Bourassa, qui devait aller aux Presses universitaires de l’Université de Montréal, puis de l’Université Laval, remplissant à ras-bord sa voiture de livres pour les rapporter à l’UQTR. Les moyens étaient à l’époque à hauteur de toutes les ambitions : tout était à bâtir.
C’est dans ce contexte qu’est né le programme de Biologie (code 2800), dont l’intitulé et le code seront modifiés à l’automne 1974 pour Baccalauréat en biologie (code 7705). Le programme est resté fidèle à ces racines durant 30 ans. L’actuel Baccalauréat en sciences biologiques et écologiques (code 7675) en est, en quelque sorte, le descendant direct (ces changements ont été effectués lors de l’évaluation et de la révision du programme, en 2004).
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Référence
[1] Toutes les citations sont tirées du chapitre 27 du collectif publié dans le cadre du cinquantième de l’UQ : voir René Audet et René Canuel, « Genève, Développement et institutionnalisation du champ des sciences de l’environnement », dans Pierre Doray et al., L’Université du Québec 1968-2018. 50 ans de contributions éducatives et scientifiques au développement du Québec, Ste-Foy, PUQ, 2018, p. 463-476.