La thèse soutenue veut mettre à l’épreuve la nécessité, pour la pensée politique, de prendre pour point de départ un idéal : la liberté, la communauté ou l’existence par exemple. Pour ce faire, c’est la pensée de Jean-Luc Nancy, philosophe français né en 1940, qui est convoquée. La question qui sous-tend cette thèse est la suivante : qu’est-ce qui peut rendre compte du fait que la politique occupe une place marginale dans la pensée de la « communauté » proposée par Nancy ?
Pour notre part, nous répondons que la cause de ce suspens se trouve dans une conception de l’existence idéalisée. Il s’ensuit que la politique n’a qu’un rôle mineur à jouer devant ce bien : elle doit s’assurer de le conserver, elle doit intervenir au minimum dans les affaires humaines et laisser l’existence être ce qu’elle est, tout en garantissant ce Bien contre certaines attaques.
Toutefois, il nous faut aller plus loin. Il nous faut oser faire face à l’existence non idéalisée, celle qui expulse certains existants dans une violence invisible. C’est ici que la pensée de Nancy manifeste toute sa fécondité. Bien qu’elle idéalise l’existence, il existe une autre voie, non exploitée par Nancy, qu’elle ouvre, une voie vers une pensée de l’existence réelle.
Pour y arriver, nous proposons de penser l’institution de l’existence, c’est-à-dire le fait, pour l’existence humaine de toujours s’exposer dans des institutions, entendues au sens large de conventions sociales ou de manières de faire. On ne peut purifier l’existence de celles-ci et c’est toujours à travers elles que nous nous exposons.
Thèse de doctorat en philosophie soutenue le 19 février 2021.
Membres du jury
M. Serge Cantin, directeur de recherche
Professeur, Université du Québec à Trois-Rivières
M. François Nault, codirecteur de recherche
Professeur, Université Laval
M. Claude Thérien, président du jury
Professeur, Université du Québec à Trois-Rivières
M. Martin Crowley, évaluateur externe
Professeur, Queen’s College, University of Cambridge
Mme Marie-Ève Morin, évaluatrice externe
Professeure, University of Alberta