Cette thèse situe l’Acte d’union, un événement fondamental de l’histoire du Québec et du Canada, dans le contexte politique britannique. Le fragile gouvernement Melbourne, qui dirige le Parlement britannique, fait face à la rébellion de 1837 au Bas-Canada. La menace, quant à la pérennité de son pouvoir à Londres et quant à l’intégrité de l’Empire britannique, est telle qu’il prend intégralement en charge le processus de décisions politiques autour du règlement des troubles coloniaux. Comment le gouvernement Melbourne en arrive-t-il à privilégier l’union législative des Canadas comme solution à la crise ? Les sources utilisées pour explorer cette question témoignent de la trame des décisions politiques qui ont conduit à l’Acte d’union.
Cette perspective inédite débouche sur des résultats intéressants. D’une part, la référence au rapport Durham est largement insuffisante pour expliquer l’Acte d’union. D’autre part, aucun des groupes politiques coloniaux n’a réussi à s’imposer dans l’élaboration de la politique coloniale. En fait, le véritable architecte dans l’affaire, c’est lord Russell, l’homme fort du gouvernement Melbourne. À toutes les étapes, son influence a dominé. Il a d’abord rejeté l’option de l’union fédérale de l’Amérique du Nord britannique, en plaçant la minorisation des Canadiens français au cœur de son plan et en misant sur l’union législative des Canadas. Il a ensuite extirpé le Haut-Canada de son désordre structurel interne et de sa subordination au Bas-Canada, en favorisant l’émergence du Canada-Ouest comme tête de pont de l’Empire britannique sur le continent nord-américain. Il a finalement refusé la responsabilité ministérielle à la population coloniale qui la revendiquait, en utilisant l’Acte d’union pour, au contraire, réaffirmer et consolider la tutelle impériale sur les Canadas.
Bref, lorsque l’Acte d’union est mis en œuvre en 1841, il porte le sceau des décisions prises à Londres. L’avenir des Canadas s’est joué en Grande-Bretagne : tel est le sort des colonies.
Thèse de doctorat en études québécoises soutenue le 24 septembre 2021.
Membres du jury
Mme Lucia Ferretti, directrice de recherche
Professeure, Université du Québec à Trois-Rivières
M. Éric Bédard, codirecteur de recherche
Professeur, Téluq, Montréal
M. Julien Prud’homme, président du jury
Professeur, Université du Québec à Trois-Rivières
Mme Elizabeth Elbourne, évaluatrice externe
Professeure, McGill University
M. Damien-Claude Bélanger, évaluateur externe
Professeur, Université d’Ottawa