Grossesse et antécédents de maltraitance : pour mieux faire face aux défis de la maternité

par | Déc 5, 2022 | Accueil Néo, Actualités, Communiqués, Médias, Portail actualités, Psychologie, Recherche, Reportage, Santé, Sciences infirmières, UQTR, UQTR Drummondville

« Les femmes enceintes ayant subi des traumatismes présentent un risque accru de détresse au cours de la grossesse, pouvant générer des sentiments désagréables à l’égard d’elles-mêmes ou de la maternité, ainsi que de possibles difficultés dans l’établissement de la relation avec l’enfant après sa naissance. D’où l’intérêt d’intervenir en période prénatale auprès des femmes enceintes ayant vécu des traumas dans leur enfance », explique le chercheur de l’UQTR.

Grâce à un nouveau financement de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) à hauteur de 1 368 726 $ sur 4 ans obtenu par le professeur Berthelot et ses collaborateurs du Centre d’études interdisciplinaires sur le développement de l’enfant et la famille (CEIDEF), le Programme STEP passe donc à une autre étape : celle du déploiement et de l’évaluation à grande échelle. Pour y arriver, l’équipe de chercheurs compte sur des partenariats avec plusieurs organisations, dont le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, le CIUSSS de la Capitale-Nationale et le CISSS Chaudière-Appalaches.

Nicolas Berthelot est professeur au Département des sciences infirmières de l’UQTR.

Phase 1 : le projet-pilote

Mené entre 2016 et 2021, le projet-pilote STEP a été mis en application auprès de 40 femmes enceintes ayant vécu une forme de traumatisme durant l’enfance. « Cette première phase confirme que c’est un programme utile, sensible à la réalité des femmes ayant vécu des traumatismes, qui favorise une prise de conscience, la résilience et un engagement positif dans la maternité. Comme le programme aborde des sujets sensibles auprès d’une clientèle en contexte de vulnérabilité, il fallait s’assurer que notre intervention améliore le mieux-être et qu’elle soit juste et sécuritaire avant de passer à une autre étape », soutient Nicolas Berthelot, également titulaire de la Chaire de recherche du Canada en traumas développementaux.

Il précise : « Aujourd’hui nous pouvons affirmer que nous avons les bases d’un programme solide, soutenu par des données empiriques et appuyé par des outils concrets pour les femmes, les intervenantes et les intervenants. On a d’ailleurs senti un très grand intérêt des intervenantes et intervenants pour que le programme soit implanté dans les milieux de pratique et c’est ce qui nous a aidé à aller chercher le financement pour la phase 2. »

Phase 2 : l’implantation et l’évaluation à grande échelle

Le financement offert par l’ASPC permettra d’obtenir les données probantes nécessaires avant d’espérer déployer le Programme STEP à l’ensemble de la province et ailleurs au pays. Ainsi, sur un échantillon de 300 femmes, 150 d’entre elles participeront au Programme STEP en soi, qui consiste en près d’une dizaine de rencontres thématiques portant sur la maternité, sur l’expérience de traumatismes et comment celle-ci influence leur vécu de la maternité, et sur les forces et ressources qui les aident dans leur cheminement. Les 150 autres femmes de l’échantillon (le groupe de comparaison) suivront la trajectoire normale dans les soins de santé – c’est-à-dire qu’elles ne participeront pas aux rencontres – mais recevront néanmoins une documentation sur la santé mentale en cours de grossesse.

« En collaboration avec nos partenaires, la réalisation de la phase 2 nous permettra d’évaluer l’implantation du Programme STEP dans le milieu de la santé et des services sociaux. Un des objectifs consiste donc à former des intervenantes et intervenants pouvant offrir le programme de façon fidèle, de s’assurer qu’il est adapté à leur réalité et de voir s’il s’implante bien dans le milieu », affirme le professeur Berthelot.

Celui-ci souligne d’ailleurs l’importance de sensibiliser les personnes travaillant dans le milieu de la santé (médecins, infirmières, etc.) à la réalité des femmes ayant vécu un trauma. « Il faut être sensible au fait que la maltraitance implique notamment des expériences d’intrusions, de trahisons ou un manque de considération des besoins d’une personne au cours de l’enfance, période où elle se trouve en contexte de grande vulnérabilité. La relation soignant-soigné, notamment en périnatalité, est susceptible d’éveiller ces enjeux traumatiques. En ce sens, un des objectifs consiste à produire une formation en ligne accessible à tous les professionnels du milieu de la santé, particulièrement ceux travaillant en périnatalité, quant aux pratiques à privilégier pour être sensible aux traumatismes. »

Enfin, les chercheurs comptent adapter le Programme STEP pour répondre aux besoins spécifiques de certains sous-groupes : les parents des Premières Nations, les femmes d’origines ethniques diverses qui auraient vécu des situations sensibles dans leur parcours migratoire, et les femmes présentant des problématiques de santé mentale.

Résultats attendus

À terme, l’étude permettra de mesurer l’impact véritable du Programme STEP chez la population visée, le cas échéant de pouvoir ensuite l’implanter à plus large échelle pour venir en aide au plus grand nombre de femmes enceintes ayant vécu des traumas.

Déjà, à la lumière de la phase 1, Nicolas Berthelot a pu constater des effets bénéfiques : « Un des aspects qui a été apprécié jusqu’à maintenant, c’est le fait de briser l’isolement, de se retrouver avec des femmes qui ont vécu des situations similaires. Il y a un fort lien d’entraide, de confiance et de compréhension qui se crée entre elles. Nous travaillons vraiment dans une perspective d’exploration de l’expérience de la maternité adaptée à leur situation particulière, et le fait d’être accompagnée d’intervenants compétents et bienveillants, ainsi que de personnes qui vivent des choses similaires, c’est l’ingrédient le plus important de notre programme. »

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