Trois cent quatre-vingt-dix : c’est le nombre moyen de frappes lors d’une partie de kin-ball. Cela signifie que chaque joueur frappe en moyenne 30 fois le ballon géant, symbole de ce sport. On peut alors se demander : quel est l’impact de la frappe sur la performance motrice des joueurs ? C’est la question à laquelle Émile Marineau répond à travers sa recherche au doctorat en sciences biomédicales à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Cette question fait écho à la vision de la Fédération Internationale de sport Kin-Ball (FIKB) et de la Fédération québécoise de Kin-Ball, qui ont choisi l’UQTR comme centre de recherche, notamment pour mieux connaître l’impact du sport sur la performance des athlètes. Ce partenariat avec le Groupe de recherche sur les affections neuromusculosquelettiques (GRAN) de l’UQTR permet donc à Émile de mener la première étude sur la biomécanique de la frappe au kin-ball et son impact sur le corps.
Financé par MITACS et dirigé par les professeurs Jacques Abboud et Martin Descarreaux du Département des sciences de l’activité physique, le jeune chercheur a profité de la présence d’une centaine d’athlètes lors du tournoi provincial de kin-ball au Centre de l’activité physique et sportive de l’UQTR, en mars 2023, pour installer un laboratoire directement dans le gymnase afin d’effectuer diverses mesures appliquées à ce sport.
« On a carrément installé notre laboratoire dans le gymnase ! Nous voulions mieux connaître ce qu’est un athlète de kin-ball, et ensuite mesurer différents paramètres liés à l’impact de la frappe. Alors nous avons recueilli des données sur les habitudes des athlètes pour savoir, par exemple, le nombre d’heures de jeu par semaine, les années d’expérience, s’il y a déjà eu des blessures ; puis nous avons procédé à des mesures anthropométriques, comme le poids, la taille, etc. Cela nous permet de tracer le portrait type d’un athlète », explique Émile.
Celui-ci poursuit : « Ensuite, nous avons fait différents tests pour mesurer l’impact biomécanique de la frappe. Nous avons mesuré la force de préhension, qui est un indicateur de la force générale aux membres supérieurs, ainsi que la force musculaire du bras dans le vecteur de la frappe pour avoir des données spécifiques au kin-ball. Enfin, nous avons mesuré des paramètres de performance, comme la vitesse des ballons de différentes grosseurs à la suite d’une frappe. »
À travers ses constats, Émile mentionne notamment « qu’on se serait attendu à une diminution de la performance à cause de la fatigue, mais on a vu le contraire, soit une augmentation de la vitesse du ballon au fil des tests de frappe. La performance des athlètes de haut niveau ne semble donc pas être affectée par la présence de fatigue musculaire. Ces premiers résultats confirment l’importance d’étudier l’effet de l’expertise sportive sur la performance, qui représente l’objectif principal de mon doctorat en sciences biomédicales ».
Adapter et améliorer le sport
Outre l’aspect purement scientifique, ces tests visent à répondre à des préoccupations des deux fédérations à l’aide de données probantes.
Entre autres, la Fédération québécoise de kin-ball souhaite adapter le sport pour de jeunes athlètes. « Nous avons testé, auprès de deux groupes différents, la frappe avec des ballons de différentes grosseurs pour savoir comment on peut adapter le sport pour nos jeunes. On s’est rendu compte, par exemple, qu’un petit ballon est plus facile à lever, mais aussi plus rapide, donc ce n’est peut-être pas une bonne idée pour les joueurs en bas âge puisque ça augmente le niveau de difficulté du jeu. Également, on a constaté que la frappe à deux mains est clairement plus lente, donc qu’il s’agirait d’une bonne pratique à adopter pour de jeunes athlètes afin de réduire la vitesse du jeu », soutient Émile, qui détient un doctorat de premier cycle en chiropratique et une maîtrise en sciences de l’activité physique de l’UQTR.
Quant à la Fédération internationale de kin-ball, celle-ci s’intéresse davantage à l’aspect compétitif. « Ce sont des athlètes d’élite qui frappent un ballon pouvant atteindre une vitesse de 80 km/h, alors il serait pertinent d’établir un protocole en lien avec le risque de commotion cérébrale pour les tournois », cite Émile en exemple. Dans cette optique, le GRAN effectuera aussi un suivi annuel des blessures chez les athlètes de kin-ball : chaque mois, un questionnaire sera envoyé pour quantifier celles-ci et en connaître le type.
« En fait, il n’y a pas encore de données pour ce sport, on va être la première équipe à en produire ! », conclut fièrement Émile Martineau.