Les équipes sportives des Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) comptent sur un nouveau service en psychologie mis en place dès la saison 2023-2024. Ce nouveau service psychologique, complémentaire à la panoplie de traitements physiques déjà disponibles pour les étudiantes et étudiants-athlètes, est né de l’initiative de Véronique Gauthier, doctorante en psychologie à l’UQTR et elle-même ancienne joueuse de l’équipe féminine de volleyball des Patriotes.
« L’idée est de mettre en place un programme d’aide spécialisé en psychologie sportive afin d’offrir un suivi à ceux qui en ressentent le besoin. Ce projet a pour but de répondre à un enjeu important quant aux besoins spécifiques des étudiants-athlètes. En effet, ceux-ci font face à plusieurs stresseurs, tant au niveau académique, développemental, social que sportif, et peuvent nécessiter un soutien adapté à leur réalité unique », explique Véronique, qui travaille depuis deux ans à la mise en place de ce projet en compagnie d’Étienne Fallu, thérapeute du sport au Département des sciences de l’activité physique, d’Isabelle La Vergne, directrice du Service de l’activité physique et sportive, et du professeur Frédérick Dionne, directeur de la Clinique universitaire de soins psychologiques (CUSP) de l’UQTR.
Véronique souligne d’ailleurs cette force qu’ont les responsables des équipes des Patriotes de l’UQTR d’être à l’écoute de leurs étudiants-athlètes et de vouloir travailler sur la santé globale pour atteindre un mieux-être optimal.
Ainsi, une interne au doctorat en psychologie sera intégrée à l’équipe multidisciplinaire qui œuvre auprès des étudiants-athlètes des Patriotes. Ce service en psychologie permettra de solidifier le programme d’aide aux étudiants-athlètes déjà en place à l’UQTR en ajoutant une ressource psychologique spécialisée dans le sport. « Et il est connu qu’améliorer le mieux-être psychologique chez un athlète peut avoir des impacts très positifs sur sa performance », affirme Véronique.
Éliminer les barrières
Implanter un tel programme demande de prendre en considération plusieurs aspects afin d’assurer sa pérennité. « On sait qu’il y a certaines barrières en lien avec la recherche d’aide chez les étudiants-athlètes, par exemple la situation financière et le manque de temps, puisque ceux-ci doivent concilier les études avec les entraînements et les compétitions. C’est pourquoi il s’agit d’un service de consultation gratuit et nous offrons des plages horaires diversifiées afin de s’adapter à leurs obligations sportives ou étudiantes », soutient la doctorante.
Un autre enjeu important à considérer est lié à la confidentialité dans un contexte où les étudiants-athlètes forment en quelque sorte une grande famille. « La santé mentale dans le sport d’élite est un sujet qui peut encore être tabou, même si les mentalités tendent à évoluer. En effet, certains étudiants-athlètes qui consultent pourraient avoir peur d’être jugés négativement ; il est donc primordial qu’ils sachent que leur confidentialité sera respectée », précise Véronique, qui compte sur la supervision clinique d’Amélie Soulard, psychologue et consultante en performance mentale à l’Institut national du sport (INS).
La santé mentale : un enjeu à ne pas négliger
À travers ses travaux, la jeune chercheuse s’intéresse depuis plusieurs années à la santé mentale des athlètes. « C’est un présupposé social que l’athlète de haut niveau doit être fort mentalement, parce que ça vient en quelque sorte avec son rôle. L’athlète a aussi une certaine crainte de l’impact que peut avoir la santé mentale sur sa carrière, de la perception de ses coéquipiers et de ses entraîneurs, de l’impact sur son temps de jeu, etc. »
Elle croit toutefois que le voile se lève de plus en plus sur l’enjeu de la santé mentale dans le sport, malgré qu’il reste encore à faire pour changer les mentalités : « C’est quelque chose que je veux travailler pour les prochaines générations de sportifs, de normaliser que c’est correct d’aller moins bien, d’avoir ses moments de doute et d’incertitude. L’athlète est aussi un citoyen et d’autres sphères peuvent l’affecter à l’extérieur du sport. Il ne faut pas oublier que l’athlète est à risque de vivre les mêmes problèmes de santé mentale prévalant au sein de la population en général, en plus d’avoir des stresseurs additionnels qui viennent avec sa réalité. »