Vous est-il déjà arrivé d’être surchargé par de multiples stimuli autour de vous ? Imaginez la situation suivante. Lors d’une journée ensoleillée d’été, vous marchez avec un ami alors qu’une camionnette passe à côté de vous. Les paroles de votre ami, le bruit sourd du véhicule, la chaleur du soleil qui vous monte à la tête… Vous ne saurez probablement plus sur quoi vous concentrer. Chez les individus ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA), une situation comme celle-ci peut causer une surcharge sensorielle, jusqu’à mener à une désorganisation.
En effet, l’autisme est notamment caractérisé par une hyposensibilité ou une hypersensibilité aux stimuli de l’environnement. Cette particularité procure un inconfort quotidien aux individus ayant un diagnostic de TSA, d’où leur besoin de se retrouver dans un environnement apaisant.
Au début de l’année 2023, l’organisme Les Horizons Ouverts (LHO) a donné le mandat à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) de proposer une façon de réaménager l’un de ses locaux en une salle d’apaisement multisensorielle. LHO est un centre d’activité de jour à but non lucratif, situé à Shawinigan, accueillant des adultes ayant un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme. Actuellement, l’organisme ne dispose pas d’un local spécialement adapté à la relaxation et à la stimulation sensorielle. Dans le cadre d’un projet d’intervention dans la communauté (PICOM) d’une durée de 15 semaines, les étudiantes Frédérique Lacoursière (psychologie), Jennifer Paillé (psychologie) et Katty Truong (ergothérapie) se sont lancé le défi de répondre à la demande de l’organisme.
L’approche Snoezelen fut le point de départ du projet. Élaboré par Jan Hulsegge et Ad Verheul, deux chercheurs hollandais, Snoezelen est un environnement qui « propose aux participants un lieu de confort, de détente et de relaxation, tout en leur donnant la possibilité d’y effectuer librement des expériences sensorielles simples qui correspondent aux cinq sens[1] ».
« Inspirées par cette approche mondialement reconnue, nous avons conçu un plan de réaménagement détaillé du local ainsi qu’une liste d’achats regroupant divers objets sensoriels adaptés à la clientèle de l’organisme. Du plancher au plafond, tous les choix sont faits en fonction des besoins des usagers et de leurs particularités sensorielles. Notre objectif était de créer une ambiance apaisante, comme un ciel étoilé », expliquent les trois étudiantes ayant mené le projet.
Elles ont conçu une salle dans laquelle tous les sens peuvent être stimulés. On y trouve des tubes lumineux, un projecteur d’étoiles et d’aurores boréales, un dispositif à bruits blancs, de la musique apaisante, une chaise suspendue, une aire de repos et plusieurs autres objets sensoriels. Tous ces éléments peuvent être manipulés par l’usager de façon autonome. Les stimuli peuvent être contrôlés, manipulés, intensifiés, réduits et présentés isolément ou en combinaison afin de rendre l’expérience unique pour chacun.
Mme Maude Paquette, directrice générale de l’organisme Les Horizons Ouverts, était émerveillée lorsque le projet lui a été présenté : « C’est plus qu’à la hauteur de mes attentes ! » s’est-elle exclamée.
Durant le processus, les trois étudiantes ont constaté que l’approche Snoezelen n’est presque pas utilisée auprès d’adultes, alors que ses bénéfices s’appliquent autant à ceux-ci qu’aux enfants. Se ressourcer dans un environnement Snoezelen serait favorable à tous les individus, notamment pour diminuer les symptômes anxieux et pour retrouver de l’énergie. Bref, quoi de mieux que de s’allonger sous un ciel étoilé pour relaxer ?
***Cet article a été rédigé par l’équipe ayant réalisé le projet PICOM, soit Frédérique Lacoursière, Jennifer Paillé et Katty Truong, dans le cadre d’une collaboration avec le Service des communications et des relations avec les diplômés (SCRD) visant à développer des compétences en rédaction et en communication chez les étudiantes et étudiants de l’UQTR.
Référence
[1] Martin, P., & Adrien, J.-L. (2006). D’une prise en charge basée sur l’approche Snoezelen pour des adultes avec autisme. Le Bulletin scientifique de l’arapi, 4(17), 45-49. http://ancien.arapi-autisme.fr/pdf/BS/17/BS17-11Martin-Adrien.pdf