Le consortium du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) publie aujourd’hui la neuvième édition de la situation de l’activité entrepreneuriale québécoise (2021). L’analyse effectuée par Étienne St-Jean et Marc Duhamel, professeurs à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), montre que l’activité entrepreneuriale québécoise s’est révélée dynamique. Stimulé par une forte augmentation de nouveaux entrepreneurs en 2021, le Québec observe un taux record d’entrepreneurs émergents depuis que l’étude québécoise du GEM est réalisée, lequel est passé de 9,5% en 2013 à 17,6% en 2021.
Selon les deux chercheurs à l’Institut de recherche sur les PME (InRPME) de l’UQTR, tout indique que les effets délétères de la pandémie de la COVID-19 semblent être maintenant chose du passé pour la vaste majorité des entrepreneurs. En effet, seulement 25,3% d’entre eux ont vu leur croissance rendue difficile à cause de cette dernière. Mais dans ce bilan positif, les professeurs St-Jean et Duhamel ont noté que l’entrepreneuriat québécois avait moins la fibre verte que le reste du pays.
L’engagement vers le développement durable est plus faible au Québec que dans le reste du Canada
Pour la première fois cette année, le consortium GEM produit des indicateurs sur l’orientation des entrepreneurs vers le développement durable. Toutefois, selon la plupart des indicateurs, les entrepreneurs du reste du Canada sont davantage investis dans le développement durable que ceux du Québec. Bien que les entrepreneurs émergents québécois sont motivés à vouloir faire une différence dans le monde, dans une proportion similaire au reste du Canada, (69,9% contre 70,5%), ils sont seulement 58,9% à prioriser les impacts environnementaux et sociaux devant les profits, contre 68,8% dans le reste du Canada. Ces taux placent le Québec au 9e rang des pays membres de l’OCDE, tandis que le reste du Canada se classe au 5e rang. Plus généralement, on constate que la nouvelle génération d’entrepreneurs émergents est plus préoccupée par le développement durable que les entrepreneurs établis.
« La bonne nouvelle, avance le professeur St-Jean, est que les entrepreneurs au Québec sont majoritairement conscients de l’importance de considérer les enjeux sociaux et environnementaux dans leurs décisions d’affaires, que ce soit les émergents ou les établis. Certes, il reste beaucoup de travail et de sensibilisation à faire à ce niveau, notamment pour augmenter les taux par rapport au reste du Canada, mais davantage de modèles entrepreneuriaux durables émergent et montrent la voie aux autres. »
Pandémie et transformation numérique
La pandémie a créé de nouvelles occasions d’affaires pour les entrepreneurs émergents et pousse à la transformation numérique. Bien que le sentiment de compétence entrepreneuriale dans la population adulte demeure relativement faible, on constate une forte progression du pourcentage des adultes québécois qui perçoivent des opportunités de démarrage pour les six prochains mois, passant de 56,2% à 81,7%. On constate également que 65,4% des entrepreneurs émergents déclarent avoir pu saisir davantage d’opportunités grâce à la pandémie. Finalement, la pandémie aura poussé 19,6% des entrepreneurs émergents à adopter des technologies numériques pour vendre leurs produits ou services et 31,9% d’entre eux à améliorer les technologies numériques existantes dans leur entreprise.
La pandémie a modifié la manière de faire des affaires, estime le professeur St-Jean. « Déjà, les technologies numériques occupaient une part importante de la réflexion des entrepreneurs lors du démarrage de leur entreprise. Mais depuis 2020, on constate que la transformation numérique devient une priorité et qu’elle est au cœur de plusieurs modèles d’affaires. La pandémie a stimulé l’intention des entrepreneurs émergents à utiliser de manière plus massive les technologies numériques dans le futur. » Les entrepreneurs établis québécois, quant à eux, sont plus nombreux à vouloir améliorer les technologies numériques existantes de leur entreprise (42,1%) que d’adopter de nouvelles technologies numériques pour la vente (7,9%). Ils ont toutefois moins l’intention d’accroître l’utilisation de ces technologies numériques pour la vente que dans le reste du Canada (respectivement, 25,6% et 34,1%).
La pérennité des entreprises demeure le point faible de l’entrepreneuriat québécois
Parallèlement à l’essor important des entrepreneurs émergents en 2021, le taux d’entrepreneurs établis cesse sa descente graduelle avec une légère remontée à 5,8%. Ce taux demeure toutefois relativement faible lorsqu’on le compare aux autres pays membres de l’OCDE. Le Québec se classe au 12e rang, et derrière le reste du Canada, dont le taux d’entrepreneuriat établi de 8,9% le place au 2e rang des pays membres de l’OCDE en 2021.
On observe également que les sorties de l’entrepreneuriat passent de 5,1% en 2020 pour grimper à 7,0% en 2021. Cette hausse est essentiellement causée par la hausse des sorties avec continuité des activités de l’entreprise, le taux passant de 1,9% en 2020 à 4,7% en 2021. Combinées avec la réduction en 2021 des sorties entrepreneuriales avec cessation des activités de l’entreprise, ces tendances concordent avec l’augmentation du repreneuriat dans les entrées dans la carrière entrepreneuriale observée entre 2020 et 2021 au Québec. En effet, on constate que pour 44,3% des entrepreneurs du Québec en 2021, le repreneuriat constitue une voie d’accession à l’entrepreneuriat, alors que le taux était 36,7% en 2020. Cette augmentation se distingue de la situation dans le reste du Canada, où le taux de repreneuriat a baissé de 27,6% à 24,8% entre 2020 et 2021. Ainsi, le Québec semble un terreau particulièrement fertile pour les transferts d’entreprise.
« La pérennité des entreprises émergentes demeure l’un des enjeux les plus préoccupants pour la vitalité de l’écosystème entrepreneurial québécois à plus long terme. Depuis quelques années, les résultats du GEM suggèrent que le dynamisme associé au repreneuriat permet aux entreprises de bénéficier d’un nouvel élan entrepreneurial qui favorisera éventuellement leur croissance, leur développement et leur pérennité », souligne le professeur Duhamel.
L’enquête du GEM
L’enquête du GEM constitue la plus grande étude comparative portant sur le dynamisme entrepreneurial dans le monde. Jusqu’à aujourd’hui, plus d’une centaine d’équipes nationales se sont investies à mesurer l’activité entrepreneuriale aux quatre coins du globe depuis 1999. Depuis 2013, le volet québécois de cette enquête est présenté par des chercheurs de l’InRPME à l’UQTR.
Le rapport sur la Situation de l’activité entrepreneuriale québécoise (2021) a pu être produit grâce à la collaboration de l’équipe canadienne du GEM et au soutien financier du ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec et des partenaires financiers du Carrefour d’entrepreneuriat et d’innovation Desjardins de l’UQTR.
Renseignements et coordination d’entrevues
Jean-François Hinse – Conseiller en communication
Responsable des relations avec les médias
Service des communications et des relations avec les diplômés – UQTR
Cell. : 819 244-4119
Courriel : jean-francois.hinse@uqtr.ca