Les 15 et 16 février derniers, le Centre national intégré du manufacturier intelligent (CNIMI) a participé à une rencontre internationale visant à jeter les bases d’un écosystème de partage de données industrielles. Nommée Manufacturing-X, cette initiative regroupe plusieurs gouvernements et entreprises qui s’étaient donné rendez-vous à Paris pour une rencontre de fondation. Le CNIMI était représenté par Marc-André Gaudreau, professeur au Département de génie mécanique de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Ce dernier agissait également comme émissaire du Réseau des Centres d’expertise industrielle (RCEI) du Québec qui était lui-même mandataire du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE).
« Sur le terrain, les quatre Centres d’expertise industrielle du Québec s’occupent de la transition numérique pour le compte du MEIE. C’était donc logique que le Ministère fasse appel à nous pour présenter notre modèle à nos confrères européens. Après discussions, j’ai assumé cette responsabilité et je me suis rendu en France pour représenter le CNIMI. Cette opportunité m’a permis de parler de notre réalité, de nos orientations ainsi que du programme d’Offensive de transformation numérique (OTN) aux industriels et aux représentants gouvernementaux présents. En même temps, c’était aussi une belle occasion d’aller constater sur place ce que les Européens font et de revenir avec des idées pour développer nos axes et notre offre de services », indique M. Gaudreau.
Une structure à bâtir
Pour que l’industrie puisse tirer avantage d’un espace de données partagées, l’information contenue dans l’écosystème doit être à la fois accessible, fiable et substantielle. Plus encore, le succès de cette initiative repose sur la volonté des entreprises de partager leurs données de manière multilatérale. C’est justement le but poursuivi par Manufacturing-X qui vise à établir des cas d’usage et des exemples de succès afin d’aider à la création de ce genre de plateforme d’échange sécurisée. Si cette initiative sert d’abord à coordonner les efforts des nations, elle souhaite adresser un modèle qui permet aux entreprises de préserver leur souveraineté numérique.
« Grâce au poids de l’Union européenne (UE), les projets de collaboration lancés en Europe atteignent des niveaux de mobilisation qui sont actuellement impensables pour nous. L’UE intègre à la fois des moyens financiers importants et la pression politique des états, ce qui constitue un puissant levier de changement. Quand, par exemple, l’Allemagne et la France se mettent de la partie, avec le soutien de gros joueurs comme Électricité de France (EDF), BMW et Airbus, les choses bougent », explique M. Gaudreau, qui est rattaché au campus de l’UQTR à Drummondville.
« L’idée qui a émergé en Europe avec Manufacturing-X, c’est de créer un passeport de données qui divulguerait certaines informations précises (p. ex. l’empreinte carbone). Cela implique une certaine interconnexion entre les entreprises et, si ce modèle s’applique bien aux plus grosses entreprises, il s’applique cependant moins bien aux PME qui ont d’autres priorités », ajoute-t-il.
Au cours des échanges, le professeur a constaté que le Canada accusait un certain retard sur les nations européennes en ce qui concerne le partage de données et l’interconnexion des entreprises. Or, l’expertise canadienne, et plus particulièrement l’expertise québécoise en matière de PME, s’est révélée être un point distinctif qui n’a pas manqué d’attirer l’attention des partenaires.
« Le Québec est le leader canadien de la transition numérique à l’européenne et ce qu’on fait au CNIMI dans l’accompagnement des PME manufacturières, c’est quelque chose d’assez unique. Bien sûr, nous sommes spécialisés en transformation numérique, mais globalement, c’est une clientèle que nous connaissons de plus en plus. Ce n’est sans doute pas étranger aux travaux de l’INRPME qui nous donne une longueur d’avance. Dans tous les cas, les Européens se sont beaucoup intéressés à cet aspect. Des rencontres spécifiques avec les représentants du MEIE sont d’ailleurs prévues dans les prochaines semaines », indique M. Gaudreau.
Au total, dix pays participaient à cette rencontre d’envergure internationale, soit les États-Unis, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Corée du Sud, le Japon, les Pays-Bas, l’Autriche, le Canada et la France, qui était le pays hôte.