Le microcrédit : une porte de sortie vers l’entrepreneuriat

par | Sep 1, 2015 | Affaires, Dossier, Dossier entrepreneuriat, Finance et économique

Ayi Ayayi, professeur et directeur du Département de finance et économique de l’École de gestion de l’UQTR

Ayi Ayayi, professeur et directeur du Département de finance et économique de l’École de gestion de l’UQTR

« Le microcrédit, ce n’est pas seulement l’affaire des pays pauvres. Au Québec, des organismes à but non lucratif, comme le Réseau québécois du crédit communautaire, permettent à une clientèle considérée à risque par les institutions bancaires traditionnelles de démarrer une petite entreprise », explique le professeur Ayi Ayayi, directeur du Département de finance et économique de l’École de gestion de l’UQTR. Celui-ci a réalisé une étude sur l’apport du microcrédit dans la lutte contre la pauvreté au Québec, en compagnie de l’étudiante à la maîtrise Alice Justine Ébene. Il poursuit : « Le microcrédit au Québec s’inscrit dans un processus d’accomplissement personnel, social et économique. D’ailleurs, notre étude révèle qu’une majorité de personnes qui se dirigent vers le microcrédit pour améliorer leur sort sont des diplômés collégiaux et universitaires. »

D’hier à aujourd’hui

Il faut savoir que le microcrédit est une idée très ancienne véhiculée par les croyances religieuses. À la base, il s’agit d’aider quelqu’un en lui prêtant de l’argent de bonne grâce et non par intérêt. C’est d’ailleurs cette notion qu’a réactivée Muhammad Yunus en créant la Grameen Bank au Bangladesh, en 1976, afin de permettre aux plus démunis de démarrer une microentreprise pour s’autosuffire et sortir de la pauvreté. Plus près de nous, c’est aussi cette idée qui anima Desjardins à ses débuts, en prêtant de l’argent à des artisans ou cultivateurs jugés non banquables. Depuis, plusieurs institutions de microcrédit ont vu le jour un peu partout dans le monde.

Microcrédit et réduction de la pauvreté

Est-ce que le microcrédit réduit vraiment la pauvreté? « On en connaît mal les impacts à long terme », convient le professeur Ayayi. Celui-ci donne l’exemple du Bangladesh, où est né le mouvement contemporain de la microfinance : « Ce pays est encore un des plus pauvres au monde. C’est qu’on ne peut pas éradiquer la pauvreté sans changements technologiques; or le type d’activités qui émanent du microcrédit ne génère pas beaucoup d’impact à grande échelle, puisqu’il s’agit surtout d’activités de base comme l’artisanat, l’agriculture de subsistance ou le petit commerce. Par contre, on voit que le niveau de vie de l’individu s’améliore, notamment en diminuant la faim, en facilitant l’accès à l’éducation et aux services de santé, ainsi qu’en contribuant à l’empowerment des démunis et particulièrement des femmes », constate le chercheur. Des retombées sociales qui, par ailleurs, se remarquent aussi au Québec.

Une stratégie nécessaire

Même si l’on en constate les bienfaits, il reste encore un pas à franchir pour solidifier les bases de la microfinance, à commencer par la professionnalisation des organismes de microcrédit, souvent issus du monde sociocommunautaire. Ainsi, pour assurer le succès dans le processus de création d’une petite entreprise, la microfinance doit être accompagnée par des services professionnels à l’attention des entrepreneurs, comme la formation en management, les conseils juridiques, le coaching, etc. Souvent, l’organisme offre ces services, mais ceux-ci reposent entre les seules mains d’un agent de crédit, qui ne peut pas prétendre être expert dans tout.

À la professionnalisation s’ajoute la formation universitaire : « Il n’y a pas de cours pour bien comprendre la sphère et les spécificités du microcrédit, une réalité qui est différente de celle de la finance des grandes entreprises », constate le professeur Ayayi, l’un des fondateurs du Laboratoire de recherche et d’intervention sur le développement de l’entreprise dans les pays en développement (LARIDEPED).

Au niveau gouvernemental, cela demande de mieux structurer les pratiques et les mécanismes de microcrédit, et d’investir dans ce domaine. « Bien que le microfinancement s’adresse à des entreprises de petite taille, plusieurs finissent par prendre de l’expansion et créer de l’emploi à long terme. Le microcrédit se pose donc en complémentarité des initiatives de lutte contre le chômage et devrait bénéficier du soutien technique et financier dont jouissent les organismes d’aide à l’emploi au Québec et dans le reste du Canada », croit le professeur Ayi Ayayi.

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