Visant la « santé globale » et « l’épanouissement de la personne », la première réforme de la santé (1971) présupposait une réforme sociale. La commission Castonguay-Nepveu avait pris position en faveur d’un « développement global » ainsi que d’une meilleure répartition de la richesse, car la pauvreté engendre la maladie et décuple les coûts. Le comité chargé de concevoir cette réforme a accouché d’un texte, « La société de demain », qui a exercé une profonde influence sur l’ensemble du rapport de la commission. Or il s’agit d’une véritable utopie: une société collectiviste dans laquelle la planification, la décentralisation et la participation constante de tous les citoyens jouent un rôle central. Le pouvoir des élus s’en trouve amoindri au profit de celui des technocrates. La société est vue comme un « tout cybernétique », dont les éléments sont liés de façon organique, la recherche scientifique assurant un progrès continu. Le document devait constituer le deuxième volume du rapport de la commission mais sera versé en annexe. Pourtant, le projet de réforme puis les structures mises en place étaient cohérents avec la vision qu’il proposait. Mais le gouvernement, les corporations médicales et les établissements ont décidé de ne pas en tenir compte. La médecine québécoise ne serait ni globale, ni préventive, ni fonctionnarisée. Et dès 1974, l’encombrement des urgences est apparu dans l’actualité, pour ne plus la quitter. Tour à tour journaliste à la pige dans les domaines de la science, de l’éducation et de l’économie, agent de recherche au « secteur science» de l’appareil d’État québécois, consultant en politique de la science et rédacteur stratégique, André Lemelin est maintenant rattaché au rectorat de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Auteur
André Lemelin (Bureau du recteur, UQTR)
Maison d'édition
Boréal
Date de parution
Mars 2017