Une des plus graves conséquences de l’épidémie d’obésité qui déferle actuellement sur la planète est l’augmentation dramatique de plusieurs maladies associées au surpoids.
Des cellules stressées par le gras
Le tissu adipeux n’est pas une masse inerte qui ne sert qu’à accumuler passivement l’excédent d’énergie sous forme de graisse; les cellules qui composent ce tissu (les adipocytes) sont au contraire très dynamiques et relâchent une foule de facteurs qui jouent des rôles très importants pour le contrôle adéquat du métabolisme.
Lorsque les adipocytes accumulent une quantité excessive de gras, le stress qui est imposé à ces cellules bouleverse leur fonctionnement et entraîne la création d’un climat d’inflammation chronique de faible intensité, invisible et indétectable, mais qui néanmoins perturbe l’équilibre général du corps et provoque une hausse spectaculaire du risque de plusieurs maladies graves, notamment les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et plusieurs types de cancers.
Augmentation du risque de certains cancers
Le lien entre l’obésité et le cancer est particulièrement bien illustré par les résultats d’une analyse réalisée récemment par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains. Le rapport montre clairement que le surpoids augmente le risque de 13 types de cancers, dont celui de l’œsophage, de la thyroïde, de la vésicule biliaire, de l’estomac, du sein (post-ménopause), du foie, du pancréas, du rein, des ovaires, de l’utérus, du côlon et du rectum.
Les chiffres donnent véritablement le vertige : sur les quelque 630 000 cancers diagnostiqués en 2014 aux États-Unis, environ 40 % d’entre eux étaient liés à un poids excessif, une proportion qui atteint même 55 % chez les femmes. Ces statistiques sont d’autant plus alarmantes que le surpoids est devenu en quelque sorte la norme en Amérique du Nord avec près des deux tiers des Canadiens qui souffrent d’embonpoint, incluant 25 % qui sont obèses.
L’alimentation industrielle en cause
Le grand responsable de cette explosion d’obésité qui ravage actuellement la planète est la très grande disponibilité d’aliments peu coûteux, surchargés de sucre et de gras et promus à l’aide de campagnes publicitaires incessantes et tapageuses. Tous les pays, sans exception, qui adoptent cette alimentation industrielle assistent en temps réel à une augmentation rapide du poids corporel de leur population, qui s’accompagne d’une hausse de l’incidence de plusieurs maladies chroniques, incluant le cancer.
Pourtant, et malgré ces dangers bien documentés du surpoids, notre société demeure étonnamment passive face à la hausse fulgurante de l’embonpoint et de l’obésité qui touche l’ensemble de la population, incluant les enfants et les adolescents.
Il est à souhaiter que nous ne répétions pas l’erreur de la lutte au tabagisme : même si on savait depuis longtemps que la cigarette augmentait de façon extraordinaire (40 fois) le risque de cancer du poumon, ce n’est qu’après un long combat de plusieurs décennies que ces produits nocifs ont été bannis de l’espace public et qu’on a pu enfin diminuer le nombre de fumeurs. Doit-on se résigner à attendre aussi longtemps pour réagir aux effets néfastes de l’alimentation industrielle ?