Lorsqu’un patient subit une intervention chirurgicale à la colonne vertébrale, son corps est mis à rude épreuve et la période postopératoire est parfois difficile. Un programme d’entraînement spécifique réalisé avant l’intervention pourrait-il contribuer à améliorer la condition du patient et favoriser une meilleure récupération après la chirurgie ? C’est la question à laquelle a voulu répondre l’étudiante Andrée-Anne Marchand, inscrite au doctorat en sciences biomédicales.
Andrée-Anne Marchand réalise sa thèse de doctorat sous la supervision du professeur Martin Descarreaux, du Département des sciences de l’activité physique, et de la professeure Julie O’Shaughnessy, du Département de chiropratique. Au cours de cette étude, qui s’inscrit dans les projets du Groupe de recherche sur les affections neuro-musculo-squelettiques (GRAN) de l’UQTR, l’étudiante s’est intéressée aux patients atteints de sténose lombaire en attente de chirurgie.
La sténose lombaire est une pathologie caractérisée par le rétrécissement du canal vertébral. Cette altération du canal entraîne une irritation de la moelle épinière ou des nerfs qui y sont rattachés. Souvent associée au vieillissement de la colonne vertébrale, la maladie se retrouve généralement chez les gens âgés de 65 ans et plus, mais peut survenir plus tôt. La principale limitation engendrée par une sténose lombaire touche la marche. Les impacts de cette condition sur la vie quotidienne des personnes atteintes sont donc importants, car elles deviennent plus sédentaires et moins autonomes.
L’équipe de recherche a donc souhaité vérifier si le fait de suivre un programme d’entraînement supervisé avant la chirurgie pouvait avoir un impact sur la condition des patients souffrant de sténose lombaire. Des expériences similaires ayant déjà été réalisées avec des personnes en attente d’une intervention chirurgicale à la hanche ou au genou, il s’avérait intéressant, pour l’équipe du GRAN, de conduire une étude similaire en lien avec la colonne vertébrale.
Le CIUSSS MCQ : un partenaire précieux
L’étude, intitulée Faisabilité et efficacité d’un programme de préadaptation pour les patients en attente d’une chirurgie pour une sténose spinale lombaire: un essai pilote contrôlé randomisé, a été rendue possible grâce à une collaboration entre l’UQTR et le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ). L’équipe de neurochirurgie du CIUSSS MCQ avait déjà exprimé la volonté de s’impliquer davantage en recherche et une alliance naturelle s’est établie avec le GRAN dans le cadre de ce projet.
Les neurochirurgiens du CIUSSS, sous le leadership du docteur Claude-Édouard Châtillon, ont été des partenaires précieux pour l’équipe de l’UQTR. Après avoir reçu de la part des chercheurs de l’Université toutes les informations relatives au projet, les neurochirurgiens ont identifié les patients répondant aux critères de l’étude et en ont fait la promotion. Les patients intéressés étaient par la suite rencontrés par Andrée-Anne Marchand et ses collaborateurs. Quarante sujets, répartis également entre le groupe expérimental et le groupe contrôle, ont pris part à l’étude de faisabilité, maintenant complétée. Présentement, le projet se poursuit sous forme d’étude clinique et le nombre de participants a déjà franchi le cap d’une soixantaine de personnes.
S’entraîner pour améliorer sa condition
Au début de l’étude, le sujet est appelé à remplir des questionnaires portant sur ses symptômes et ses capacités physiques. Il doit aussi réaliser des tests physiques, sous l’œil attentif d’un kinésiologue. Une fois ces données colligées, le sujet s’engage à suivre un programme d’entraînement supervisé.
À chaque séance, après une brève période d’activation cardiovasculaire, le patient exécute 5 exercices prédéterminés, variables en intensité. Le programme, d’une durée de 30 minutes, est réalisé sur le campus de l’UQTR à raison de trois fois par semaine, pendant six semaines. Toutes les séances ont lieu sous la supervision d’une kinésiologue dédiée à l’étude. Présentement, Mariève Houle, inscrite à la maîtrise en sciences de l’activité physique, veille à ce que les participants accomplissent tous les exercices efficacement et leur propose, lorsque cela est requis, des niveaux de difficulté supplémentaires.
«Les exercices ont été choisis pour stabiliser la colonne vertébrale. Il s’agit d’exercices ciblant principalement le renforcement des muscles du tronc et des jambes», explique la doctorante Andrée-Anne Marchand. Le but de l’étude est de rendre les gens en attente de l’opération physiquement plus actifs, afin de leur permettre une meilleure récupération après l’opération. «Étant donné que ces personnes ressentent de la douleur lorsqu’ils marchent, ils sont souvent plutôt sédentaires. On souhaite renverser le processus de déconditionnement physique chez eux et leur donner un maximum de chances après la chirurgie», ajoute Mme Marchand.
Des résultats positifs
Jusqu’à présent, l’équipe a pu constater des différences significatives en ce qui a trait aux symptômes et à la capacité physique chez les participants. Les patients, pour leur part, indiquent avoir moins de douleur aux jambes, et constatent que leur endurance à la marche est bonifiée.
Mme Lise Vallée, en attente d’une chirurgie, a accepté de prendre part à l’étude. Bien qu’elle n’ait pas encore terminé son programme, elle remarque déjà des améliorations dans son quotidien. À titre d’exemple, elle note entre autres une différence significative lorsqu’elle passe l’aspirateur à son domicile. Avant d’amorcer le programme d’entraînement, effecteur la moitié de la tâche engendrait beaucoup de fatigue et des douleurs. Dorénavant, elle affirme être en mesure de terminer la même superficie sans ressentir de douleur, ce qui lui permet d’envisager positivement la période qui suivra l’intervention chirurgicale.
Visionnez le témoignage de Mme Lise Vallée, une des participantes à l’étude menée par la doctorante Andrée-Anne Marchand.