Difficile d’imaginer à quoi pourrait ressembler la vie si nous étions aux prises 24 heures par jour avec de persistants maux de tête, des troubles de mémoire, des problèmes de concentration ainsi qu’une fatigue mentale et physique plus grande que la normale. Pour Alexandra Gutzman, il s’agit pourtant de la définition pure et simple du quotidien.
L’histoire de cette jeune femme de 25 ans inscrite au baccalauréat en loisir, culture et tourisme de l’UQTR en est une de résilience et de courage. Ses problèmes de santé ont véritablement commencé en mars 2014. Alors gardienne de but pour son équipe de ringuette, Alexandra est victime d’une violente charge d’une joueuse adverse. Sa tête frappe la glace et une joueuse tombe sur elle après le coup. Résultat : traumatisme crânien cérébral.
Cet incident vient changer la vie de la Franco-Ontarienne. La violence du coup cause des dommages au cerveau, qui s’additionnent à ceux reliés à une série de commotions cérébrales dont la jeune sportive avait été victime les années précédentes, alors qu’elle pratiquait le soccer et le hockey. Probablement de 3 à 6 autres commotions selon les experts qui l’ont examinée après l’incident de mars 2014.
« Après mon traumatisme de mars 2014, on m’a dit que j’en aurais pour trois semaines à récupérer et que je pourrais reprendre mes activités normalement. Ça ne s’est vraiment pas passé comme ça! Il faut dire qu’à cette époque, les connaissances sur les commotions cérébrales n’étaient pas aussi développées qu’elles le sont aujourd’hui. Les symptômes ne sont jamais disparus et ils demeurent très difficiles à endurer. C’est douloureux, c’est toujours présent et ça diminue mes capacités à plusieurs niveaux, que ce soit à l’école, dans les activités de la vie de tous les jours, ainsi que dans mes relations sociales », explique Alexandra.
Se réinventer
Pour arriver à mener une vie stimulante et à surmonter la douleur qui l’afflige sans relâche, Alexandra a apporté de nombreux changements dans sa vie. Elle avoue s’être complètement réinventée en développant de nouvelles stratégies de réussite et en faisant le deuil de certains objectifs auxquels elle n’aspire plus.
« Après un accident qui nous transforme autant, il faut accepter qu’on devient une nouvelle personne. C’est ce qui m’a permis d’avancer. Je ne peux plus faire tout ce que je faisais avant, mais je suis encore une passionnée qui met les efforts nécessaires pour réussir », explique l’étudiante.
Animée par sa passion pour le plein air et le sport malgré son grave accident et les séquelles qui l’affligent, Alexandra a profité de sa période de réhabilitation pour travailler au Camp Awacamenj Mino (Ottawa). C’est là qu’elle a fait la rencontre d’un collègue diplômé du baccalauréat en loisir, culture et tourisme, ce qui l’a convaincue de s’inscrire à l’UQTR afin de se préparer à une carrière dans un milieu qu’elle chérit depuis toujours.
Une étudiante modèle
Depuis son arrivée à l’UQTR en 2019, Alexandra réussit admirablement bien grâce à une discipline rigoureuse et un horaire de travail qui respecte ses capacités. Inscrite à deux cours par session en moyenne, elle cumule les bons résultats et trouve le temps de s’impliquer sur différents comités, dont l’Association des étudiants en récréologie de
l’UQTR, qu’elle préside depuis septembre dernier. De plus, elle prend des leçons de kayak de vitesse au club de canotage de Shawinigan et elle est capitaine de son équipe de volley-ball.
« Mes implications m’amènent à développer mes aptitudes en tant que future professionnelle du loisir. Je m’assure de ne pas en faire trop, mais c’est très important pour moi d’être active et de m’impliquer. Je ne peux pas le faire autant qu’avant mon accident, mais cette implication est vitale pour moi », explique Alexandra.
La détermination de l’étudiante a été remarquée par ses professeurs qui, grâce à la collaboration des intervenants des Services aux étudiants (SAE) de l’UQTR, ont développé des stratégies permettant à Alexandra de suivre ses cours à son rythme.
« C’est absolument remarquable de voir comment cette étudiante surmonte les obstacles qui sont sur son chemin. Elle travaille très bien, elle obtient des A dans certains cours et elle apporte énormément à la vie universitaire grâce à ses implications. Pour nous, elle est un modèle de persévérance. Elle est inspirante pour tous les étudiants qui la côtoient », souligne Romain Roult, directeur du département.
Celle qui devrait terminer son baccalauréat en 2025 se réjouit de la reprise de certaines activités en présentiel puisque sa capacité à demeurer devant les écrans est nettement plus faible que chez les autres étudiants. Elle poursuit ses rencontres avec les professionnels des SAE et suggère à tous les étudiants vivant avec des difficultés de faire comme elle.
« Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. Il y a tellement de mesures d’accompagnement et d’outils à notre disposition qu’il faut en profiter. Ça fait toute la différence dans mon cas et je suis très reconnaissante de ce soutien qui m’est offert, car il me permet d’espérer une carrière passionnante à la fin de mes études », conclut l’étudiante.
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