Comment mieux engager une personne dans la guérison à long terme d’un ulcère plantaire diabétique ? L’enjeu se pose alors que 15 % à 35 % des personnes atteintes du diabète de type 1 ou 2 développeront au moins un ulcère plantaire diabétique (UPD), avec comme conséquence les coûts humains et sociaux que cela comporte autant sur leur qualité de vie que sur les systèmes de santé.
« La récurrence des UPD est un phénomène répandu, à un point tel qu’on parle maintenant d’UPD en rémission au lieu d’une guérison », lance Jérôme Patry, chargé de cours au programme de doctorat de premier cycle en médecine podiatrique de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
L’ulcère plantaire diabétique est une complication fréquente du diabète dont le risque de récidive peut atteindre 50 % dans l’année suivant la guérison. Et le pronostic lié à la survenue d’un UPD est sombre, puisqu’on estime qu’une amputation subséquente peut survenir chez une personne sur quatre.
« On se rend compte que les équipes multidisciplinaires de soins de plaies soignent très bien les patients, mais le défi reste que la guérison se poursuive dans le temps. D’ailleurs, on constate que malgré l’éducation et des conseils octroyés par les professionnels de la santé, plusieurs patients récidivent. Un suivi étroit et une détection précoce d’une nouvelle plaie s’avèrent donc un grand bénéfice pour ces patients et auraient un impact positif sur les coûts du système de santé », explique le médecin spécialisé dans le traitement des plaies à la Clinique des plaies complexe (CPC) de l’Hôtel-Dieu de Lévis.
Dans cette perspective, Jérôme Patry mène un projet de recherche avec sa collègue Virginie Blanchette, professeure de podiatrie au Département des sciences de l’activité physique de l’UQTR, visant justement à améliorer les soins pour que les personnes avec un UPD ne récidivent plus, ou moins. Il a reçu, pour ce projet, une bourse de la Fondation de l’UQTR et du Syndicat des chargés de cours de l’UQTR au montant de 7 500 $. Pour ce projet, les deux cochercheurs ont d’ailleurs recruté une étudiante en dernière année de formation en médecine podiatrique à l’UQTR, Annabel Bourgault.
Ils souhaitent s’attarder davantage à la perspective des patients, engager ceux-ci dans leur propre guérison et les intégrer comme partenaires dans l’évaluation de la qualité des soins : « Les interventions qui facilitent l’engagement de la personne dans ses propres soins permettent des changements comportementaux davantage ancrés et durables. Son engagement dans la décision partagée, par exemple quant à sa condition, a le potentiel de faciliter l’autogestion. »
L’étude menée par les deux chercheurs de l’UQTR permettra de mieux saisir les perceptions, les croyances et la compréhension de ces personnes aux prises avec un UPD, afin de mieux orienter la façon de fournir des conseils préventifs et de l’éducation médicale. Également, l’étude vise à améliorer les pratiques et la qualité des soins grâce au point de vue des personnes utilisatrices des services de santé.
L’équipe de soins sera également mise à contribution : « Ce sera une occasion pour les professionnels participant à l’étude de réfléchir sur leur pratique et de contribuer au dynamisme de la recherche à la CPC, notamment dans une stratégie axée sur les patients. Le projet est donc une possibilité de poursuivre la quête de vision globale de la qualité des soins et éventuellement la possibilité d’ajuster ceux-ci selon les besoins des patients », précise M. Patry.