Le professeur au Département de génie mécanique, Martin Bolduc, et le professeur au Département de psychoéducation et travail social, Tristan Milot, participent à des projets ayant remporté le concours de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI). Un octroi de plus de 870 000 $ permettra aux équipes des deux chercheurs d’acquérir de l’équipement pour réaliser leurs objectifs, dans une démarche réunissant plusieurs universités. Les deux projets portent respectivement sur la photonique appliquée à l’impression de matériaux fonctionnels et procédés par laser pour la fabrication de capteurs flexibles (802 998 $), et les traumas subis durant l’enfance au sein de populations marginalisées (72 721 $).
Le projet HiLight
L’utilisation du photon (une particule de lumière) est déjà commencée dans l’industrie du numérique et des diverses chaînes de fabrication. La vitesse et l’absence de perte énergétique dans le transport des données permettent plusieurs avancées dans un nombre incalculable de secteurs : télécommunications, médecines, industries, etc. L’exemple le plus connu est la fibre optique, qu’on utilise déjà pour l’Internet haute vitesse. Avec l’augmentation constante du nombre de données, les systèmes basés uniquement sur l’électron ne peuvent plus fournir à la demande. Grâce au transport de données par photons, nous pouvons connecter des appareils intelligents afin de coordonner plus efficacement leurs actions dans ce que l’on appelle l’Internet des objets (IoT). Les gains possibles grâce à cette technologie permettront des avancées dont on peine à cerner les limites encore aujourd’hui. De plus, l’utilisation des photons comporte de nombreux avantages au plan environnemental. En effet, les appareils électroniques sont produits avec de nombreux métaux lourds, qui posent des enjeux de recyclages en plus d’être nocifs pour la santé humaine.
Imprimer des matériaux d’avenir
Participant au projet « Hybrid integrated systems of Light » (HiLight), qui regroupe quatre établissements québécois (dont le Centre d’optique, photonique et lasers de l’Université Laval), le professeur de l’UQTR Martin Bolduc se retrouve au cœur de ces recherches cruciales sur la lumière.
Le projet auquel travaille le professeur en génie mécanique s’articule autour de l’impression de matériaux fonctionnels et procédés par laser pour la fabrication de capteurs flexibles. Les fonds obtenus (802 998 $) de la FCI (Gouvernement du Québec 39 %, UQTR 2 %) permettront au chercheur d’acquérir de l’équipement de pointe pour développer de nouvelles techniques d’impression, et ultimement transformer les platesformes intégrées hybrides (électrons-photons). L’objectif de ses recherches est de réduire considérablement la taille, le poids, le coût et la puissance des systèmes de capteurs hybrides.
La fabrication microélectronique standard de capteurs rigides procède par la soustraction de matière, rappelle le professeur Bolduc. C’est-à-dire que l’on retire des matériaux à une masse afin de produire ceux-ci. Avec l’impression de matériaux fonctionnels, on ajoute plutôt la matière pour produire de nouveaux capteurs qui sont maintenant flexibles. Les économies réalisées grâce à la réduction de pertes sont considérables, car la fabrication de composants électroniques rejette plus de matière qu’il n’en faut pour les produire. Sur le plan environnemental, ce procédé par technologie additive permet de ménager les ressources naturelles devenues plus rares et plus dispendieuses. Les économies financières et les gains environnementaux font de cette technologie verte la voie d’avenir et à laquelle le professeur Bolduc apporte toute son expertise.
Le projet ThRIve
Le Consortium canadien sur le trauma chez les enfants et les adolescents est un réseau diversifié de chercheurs, de professionnels, de décideurs politiques, de représentants de la communauté et d’étudiants qui vise à soutenir la résilience des jeunes ayant subi des violences.
Ayant entre autres objectifs d’améliorer les réponses sociales face aux traumas de ces jeunes, le consortium constate cependant une certaine déconnexion entre la connaissance produite par la recherche, l’expérience et les connaissances des personnes concernées (les jeunes victimisés, leurs familles, leur entourage) et celles des acteurs sur le terrain. Cette rupture complique le développement et l’implantation de politiques publiques, de programmes sociaux et de pratiques professionnelles qui tiennent compte de la perspective des jeunes victimisés.
Les violences, notamment celle commise envers les jeunes, s’accompagnent trop souvent d’une perte de pouvoir des personnes qui les subissent, parfois même d’un profond sentiment de dépossession. Face au constat que le paradigme classique de la recherche implique un chercheur-expert et un sujet-participant traditionnellement cantonné dans un rôle plutôt passif, il importe, dans la recherche sur la violence et les traumas, de penser à des dispositifs de recherche qui permettent de ne pas reproduire une telle dynamique, ou du moins de la limiter le plus possible. Pour obtenir de meilleurs résultats, tout en se préoccupant du bien-être des personnes concernées, une approche participative devrait donc assurer leur prise de parole, celle de leur famille ainsi que de leur entourage.
Le projet ThRIve (The Child & Youth Trauma Research Incubator), financé par Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), permettra justement au consortium de développer un réseau de laboratoires physiques et virtuels à travers le pays – dont un à l’UQTR –, afin de créer des environnements propices à la recherche collaborative avec les jeunes victimes de traumas.
Un projet structurant à l’échelle locale
Le Centre d’études interdisciplinaires sur le développement de l’enfant et la famille de l’UQTR (CEIDEF), dont fait partie le professeur Tristan Milot, réfléchit depuis longtemps aux divers mécanismes pouvant favoriser la prise de parole des enfants et des familles en recherche.
Un projet issu du centre, intitulé l’Université des enfants et des parents (UEP), vise justement à produire de la recherche avec et par la famille. Grâce à cette démarche structurante, les enfants, les familles et les intervenants ne seront plus de simples informateurs. Ils participent à la production de connaissances avec les chercheurs grâce au partage de leur point de vue. Cela implique forcément un pas de recul des chercheurs face à leurs valeurs, croyances et méthodes.
En entrevue, le professeur Tristan Milot explique que le projet UEP s’inscrit parfaitement, à l’échelle locale, dans toute la démarche du consortium et celle du projet ThRIve. Le financement de 72 000 $ de la FCI (Gouvernement du Québec 40 %, UQTR 20 %) servira essentiellement à l’achat d’ordinateurs et de technologies de communication créant ainsi des espaces dynamiques pour que la recherche menée par la communauté soit facilitée.
« Le CEIDEF soutient ce projet d’Université depuis trois ans en finançant des initiatives qui engagent le dialogue entre chercheurs, parents et enfants. Cet octroi permettra d’amener maintenant cette idée à un autre niveau, en la dotant d’une infrastructure concrète. C’est une excellente nouvelle pour le CEIDEF », explique le professeur au Département de psychoéducation et travail social.