Le quotidien de milliards de personnes sur terre a été chamboulé par la gestion de la pandémie. La plupart des gouvernements exigent de leurs citoyens et citoyennes de rester à leur domicile et d’éviter tout rapprochement physique avec les autres. Au Québec, toutes les entreprises jugées non essentielles ont été fermées, tout comme le système d’éducation. On encourage fortement le télétravail pour éviter la contagion. Pour les entrepreneurs et entrepreneures, c’est l’équivalent d’une bombe dans leurs opérations : il y a définitivement un « avant » et un « après » Covid-19. Pour un très grand nombre d’entreprises, cette incertitude est majeure et les force à « naviguer à vue » et à s’adapter quotidiennement.
Certaines doivent fermer temporairement, ne sachant pas quand elles pourront rouvrir ; on n’a qu’à penser à toute l’industrie touristique et du divertissement qui est actuellement en pause pour un temps indéterminé.
Pour d’autres, au contraire, les besoins explosent : on peut penser aux commerces jugés essentiels sur lesquels les consommateurs se tournent pour leurs achats, mais surtout à tous les commerces faisant de la vente en ligne, une option qui devient extrêmement prisée par les personnes souhaitant limiter leurs déplacements. Toutes les entreprises en soutien au commerce électronique ou qui vendent des produits ou services utiles pour le télétravail font aussi des affaires d’or !
On assiste également à un intérêt pour l’achat de produits locaux, encouragé par le gouvernement du Québec, qui a mis en ligne www.lepanierbleu.ca pour stimuler l’économie régionale.
D’autres ont été obligés de pivoter et de réajuster grandement leur offre de produits et services pour survivre pendant la crise. On peut penser à des restaurateurs qui se sont regroupés en quelques jours pour mettre en valeur leur offre en ligne et développer un service de livraison, alors que ces services n’existaient pas les jours précédents. Ils sont passés de la compétition entre eux à la coopération, en mode « survie ».
La crise : menace ou opportunité ?
Ces grands bouleversements amènent aussi un lot d’opportunités, que ce soit pour développer de nouveaux marchés ou pour innover. Certains producteurs d’alcools forts (gin, vodka) ont rapidement mis l’épaule à la roue pour transformer une partie de leur production en alcool à 70 % utile à la désinfection. D’autres PME se sont lancées dans la production d’équipements médicaux divers pour approvisionner le système de santé. Des laboratoires universitaires et privés travaillent d’arrache-pied pour développer de nouveaux tests plus rapides ou sur des tests pour des médicaments prometteurs.
Et tous ces changements ont eu lieu en seulement quelques jours ! Alors que cette crise s’annonce longue, on peut s’attendre à voir plusieurs autres changements dans la manière de faire des affaires et dans l’offre des PME dans les prochaines semaines.
Ainsi, face à ce changement fondamental sur le plan économique, la personne en affaires peut y percevoir des opportunités de développement, ou des menaces critiques pour la survie de son entreprise. Dans bien des cas, cela oscille entre les deux : certaines entreprises seront plus favorisées par les changements, d’autres beaucoup moins, mais toutes les entreprises devront chercher à s’adapter à une situation qui évolue jour après jour.
Il n’en demeure pas moins que les nombreuses pertes d’emplois, certes temporaires pour la vaste majorité, vont ralentir considérablement la consommation et l’économie pour plusieurs mois. Une situation qui peut devenir critique, voire fatale, pour un nombre important de PME.
Maintenir sa santé globale… et financière
Dans tout ce tumulte, la personne en affaires doit s’assurer de maintenir sa santé physique et psychologique ainsi que celle de ses employés et employées, sans compter, bien entendu, la santé financière de son entreprise.
Sur le plan de la santé financière de la PME, il y a multiplication de programmes et de mesures de soutien annoncées par les gouvernements. Surtout destinés à maintenir « en vie » les entreprises déjà établies, ces programmes devraient agir comme une bouée de sauvetage et ne remplaceront pas l’obligation, parfois, de réorganiser certaines activités ou même d’opérer une fermeture temporaire. Là aussi, certaines PME seront plus avantagées que d’autres.
On voit aussi la prolifération de conseils en ligne, de documents ou de webinaires préparés par différentes organisations qui soutiennent les PME (par exemple, l’École des entrepreneurs du Québec, le Réseau M, Montréal Inc., Femmessor, etc.). L’information est disponible comme jamais auparavant et ces organismes sont dévoués et disponibles pour aider les propriétaires d’entreprises.
Faire preuve de résilience
Mais le plus grand défi pour les gens d’affaires sera de garder la tête hors de l’eau et de faire preuve de résilience. Tout comme un athlète de haut niveau et parce qu’elle est le principal actif intangible de l’entreprise, la personne responsable de l’entreprise doit maintenir sa santé physique et psychologique en période de crise.
Dans un contexte où les changements sont quotidiens, que les nouvelles sont déprimantes et que l’anxiété monte dans la population, ces personnes se retrouvent bien souvent à travailler beaucoup plus qu’à l’habitude, en devant improviser et prendre une grande quantité de décisions rapidement sans connaître les impacts de celles-ci. Elles doivent faire preuve d’intuition et demeurer optimistes, ce qui n’est pas toujours facile.
Sachant que cette crise a un impact négatif sur les habitudes de vie de certaines personnes (sommeil affecté, alimentation dégradée, augmentation de la consommation d’alcool, etc.), il devient impératif pour les gens d’affaires de rester vigilant à cet égard.
Il en va de même pour sa santé psychologique, qui pourra grandement être affectée par la situation, où le stress et l’anxiété seront des enjeux importants. Faire des activités qui relaxent et font du bien ne devra plus être une option, mais bien une obligation. Poser des gestes altruistes, faire preuve d’empathie et de solidarité, et donner du soutien social aux autres sont des actions qui apportent autant de bien à ceux qui les reçoivent qu’à ceux qui les donnent. Échanger, même à distance, avec d’autres personnes qui vivent des situations similaires, contacter une personne mentore ou collaborer avec les autres sont des gestes susceptibles d’aider à maintenir un bon équilibre psychologique. Tout ce qui fait du bien est alors requis.
De nouvelles manières de faire des affaires
Et bien que l’on puisse espérer revenir à la « normale » éventuellement, rien ne sera sans doute jamais comme avant. L’ajout d’un service de livraison qui fonctionne bien ou la mise sur pied d’une plateforme de commerce électronique qui rejoint de nouvelles clientèles seront sans doute préservés une fois la crise passée. Cela changera la manière dont les entreprises font des affaires de manière irréversible.
Le télétravail, qui était refusé par certaines organisations avant la crise mais qui ont été obligées de l’accepter, deviendra sans doute une exigence de bien des personnes qui ne voudront plus revivre d’interminables embouteillages pour se rendre au travail à chaque jour. Et ainsi de suite.
Le changement est rapide, radical et permanent. Les défis de la personne entrepreneure en cette période sont multiples, complexes et impossibles à planifier. La résilience et la capacité d’adaptation sont de mise. La solidarité et le soutien aux entreprises locales sont sans doute les gestes les plus appropriés pour les appuyer dans cette période difficile.