Dans bon nombre de pays démocratiques bien établis, les services de police bénéficient de ressources et de pouvoirs accrus pour lutter contre la criminalité, le terrorisme et autres menaces visant la population. Mais quelles sont les responsabilités des forces policières en matière de gestion, d’évaluation et reddition de comptes envers ces mêmes populations qu’elles ont le mandat de protéger?
Bien connu pour ses recherches dans le milieu policier depuis une trentaine d’années, Marc Alain se penchera activement sur cette question. À titre d’expert et de professeur au Département de psychoéducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), M. Alain vient d’obtenir un soutien financier de 374 900 $ du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), grâce au concours Open Research Area 6, pour une étude qui lui permettra d’analyser les façons de faire des forces policières québécoises et canadiennes. D’une durée de trois ans, cette démarche du professeur Alain s’inscrit dans le projet Police Accountability towards international standards (POLACS) qui permet à une vingtaine d’experts provenant du Canada, de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne et du Japon de comparer leurs façons de faire et leur efficacité.
Plus précisément, le projet POLACS analyse les leviers en place pour enquêter sur le travail policier comme le font les organismes de surveillance externes indépendants, les procédures de plaintes contre la police et autres processus semblables.
« Je m’intéresse depuis longtemps aux rapports que la police a avec le public. En tant que société, nous avons fait le choix de confier aux policiers des pouvoirs que le simple citoyen n’a pas. Avec ces pouvoirs viennent des responsabilités et une exigence de transparence avec le public. Les pays avec lesquels nous travaillons partagent cette vision, mais les façons de faire sont très différentes. Nous avons beaucoup à apprendre en partageant nos expériences », explique Marc Alain.
Différentes instances connues au Québec, telles que le Commissaire à la déontologie policière et le Bureau des Enquêtes Indépendantes, assurent une certaine reddition de comptes et légitimité du travail policier envers la population. La recherche universitaire sur leur fonctionnement et la façon de communiquer leurs décisions se fait toutefois très rare selon le professeur Marc Alain.
« Notre travail permettra le développement de normes et de cadres internationaux, ce qui aidera également à promouvoir la recherche dans les pays avec des structures de plaintes beaucoup plus faibles. Cela facilitera l’intégration de ces pays dans de futurs débats universitaires sur le sujet », conclut-il.