Un projet d’intervention dans la communauté (PICOM) est, pour les étudiants qui désirent s’impliquer auprès d’un organisme communautaire, une occasion de vivre une première expérience professionnelle stimulante dans un cadre universitaire.
Trois étudiantes de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), inscrites au baccalauréat en psychologie, se sont particulièrement démarquées dans la réalisation d’un PICOM à la session d’hiver 2020. Léonye Bolduc, Kim Pelletier et Annie Raymond avaient pour mandat de créer des outils pédagogiques de francisation pour le Centre d’éducation populaire de Pointe-du-Lac (CEPPDL). Elles affirment que ce qui les a poussées à participer au PICOM était cette chance unique de pouvoir mettre leurs acquis théoriques en pratique pour améliorer le quotidien de personnes ayant peu de ressources : « Nous sommes des passionnées de psychologie et, puisque les processus d’apprentissage sont au cœur de cette science, nous étions certaines de pouvoir relever le défi. »
D’ailleurs, même s’il était primordial que les étudiantes fassent preuve d’autonomie, elles n’ont pas été laissées à elles-mêmes. Julie Charbonneau, chargée de cours au Département des sciences de l’éducation de l’UQTR, supervisait le projet. « Ce type d’apprentissage permet une expérience quelque peu distincte d’un stage de formation. Il est davantage une pratique pédagogique en alternance qui tend à rendre plus rapidement les concepts théoriques réels et concrets chez l’apprenant », soutient-elle.
De surcroît, dans un contexte de pandémie où la communication à distance s’impose, la résilience et les stratégies d’adaptation sont davantage mises de l’avant. « Ce PICOM a pris tout son sens et a atteint l’objectif ultime, c’est-à-dire, accroître l’autonomie de ces étudiantes, démontrer leurs savoirs, exercer l’introspection et la régulation de leurs propres défis en tant que professionnelles en devenir », mentionne Mme Charbonneau.
Les étudiantes étaient toutefois loin de se douter que la session deviendrait de la télé-éducation en contexte pandémique. Celles qui avaient l’habitude de se rencontrer à toutes les semaines pour la conceptualisation des outils pédagogiques ont basculé en mode virtuel dès l’annonce de la fermeture de l’université, le 13 mars 2020. « On ne savait pas si la session se poursuivrait, mais on savait qu’il n’était pas question d’arrêter ou d’attendre. On a profité des deux semaines de suspension des cours pour terminer les jeux de francisation. Les différentes plateformes de visioconférence sont rapidement devenues nos meilleures alliées ! », citent les étudiantes.
Ça nous a permis de sortir un peu des livres et du contexte des classes régulières pour redonner à la communauté, de nous sentir concrètement utiles et surtout d’apprendre et de dynamiser nos apprentissages.
C’est également par visioconférence que les étudiantes ont dû présenter le résultat de leur travail, présentation qui se tient habituellement dans les locaux de l’organisme, devant ses membres et ceux des milieux partenaires. Or, Léonye, Kim et Annie appréhendaient l’effet que pouvait avoir ce mode de présentation sur leur auditoire. Elles expliquent : « C’est parfois compliqué d’avoir plusieurs personnes connectées sur une même plateforme, de rester concentrée et immobile derrière un écran, sans compter les problèmes techniques qui peuvent survenir. On a donc monté la présentation en se focalisant sur ces aspects pour s’assurer que tous les participants passent un bon moment. »
Un Prezi, des vidéos, des montages photo, des éléments ludiques, de nombreux segments permettant à l’auditoire d’interagir, un souci porté à la planification et quelques pratiques ont permis aux étudiantes de remporter leur pari. « J’ai vu à l’intérieur de ce PICOM des étudiantes devenir de jeunes professionnelles. Proactives, à la recherche de solutions, elles ont réalisé un projet d’envergure, de qualité supérieure, et ce, dans un moment de grand bouleversement », explique Marie-Ève Perron, coordonnatrice des PICOM à l’UQTR.
Par l’entremise d’un tel projet, vous changez la vie de ces gens, vous changez des vies avec chacune de vos interventions.
Les jeunes femmes se considèrent choyées d’avoir eu la chance de vivre une expérience professionnelle aussi valorisante et enrichissante, de mettre en pratique leurs connaissances et de représenter l’UQTR. « Ça nous a permis de sortir un peu des livres et du contexte des classes régulières pour redonner à la communauté, de nous sentir concrètement utiles et surtout d’apprendre et de dynamiser nos apprentissages », expliquent-elles.
D’ailleurs, si les trois étudiantes constatent l’importance d’être rigoureuses, de s’engager pleinement, de s’adapter et de comprendre les besoins du client pour mener à bien un projet de la sorte, elles soutiennent que c’est avant tout l’esprit de collaboration au sein de l’équipe et avec chacune des personnes qui ont participé au projet qui représente l’élément clé pour réussir. « Ce PICOM nous a permis de rencontrer des personnes formidables et réellement dévouées. Anne, Claudia et Caroline du CEPPDL étaient enthousiastes et disponibles. Marie-Ève n’a pas hésité à s’impliquer, même quand ça ne faisait pas partie de sa description de tâche. Julie, notre dévouée superviseure, nous a mis en contact avec Jean-François de Pigalle Impression pour qu’on puisse matérialiser, malgré le confinement, les outils de francisation qu’on avait créés. Tout le monde s’est investi », affirment les trois étudiantes.
Les intervenants du CEPPDL et du Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) qui ont assisté au dévoilement virtuel des jeux de francisation, le 27 avril dernier, reconnaissent être enchantés par le produit final et affirment que ce matériel pédagogique exclusif représentera un réel soutien à l’apprentissage du français chez la communauté allophone. Ivan Suaza, directeur général du SANA, souligne d’ailleurs que « par l’entremise d’un tel projet, vous changez la vie de ces gens, vous changez des vies avec chacune de vos interventions ». Le Centre d’éducation populaire de Pointe-du-Lac a d’ailleurs annoncé son intention de collaborer à nouveau avec l’UQTR pour la réalisation d’un PICOM en 2021.