À l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), les chercheurs en biologie végétale ont régulièrement à se rendre sur le terrain. Du 10 au 20 mai derniers, trois étudiantes ont eu l’occasion d’apprivoiser un nouvel environnement de recherche : l’Inde.
C’est du côté de Roorkee, une petite ville dans le nord du pays, que la délégation universitaire a élu domicile pour la durée de son séjour. La raison du voyage : participer à une école d’été, issue d’une collaboration entre l’UQTR, le Centre SÈVE et l’Indian Institute of Technology (IIT). Plus qu’une simple activité éducative, ce périple en sol étranger est aussi une opportunité de réseauter, de découvrir une nouvelle culture, et de voir comment la recherche se déploie ailleurs dans le monde.
« Ça a été une expérience très intense dans tous les sens du terme. Du côté des études, on a pu apprendre beaucoup des étudiants indiens qui nous ont présenté leurs recherches. Pour ce qui est du côté humain, on a découvert en Inde une autre façon de vivre ensemble et de travailler. C’est un pays stimulant, avec beaucoup de gens curieux, ouverts et gentils », témoigne Claire Letanneur, doctorante en biologie cellulaire et moléculaire de l’UQTR.
« Ça nous a permis d’avoir un contact face à face et de rencontrer des gens, plutôt que d’échanger par courriel comme ça se fait habituellement en recherche. Le fait d’aller en Inde nous a offert une autre perspective sur nos travaux, puisque nous avons pu faire le parallèle entre nos pratiques et leur réalité », ajoute Teura Barff, elle aussi doctorante en biologie cellulaire et moléculaire.
« C’est bête à dire, mais le plus probant, c’est qu’on a de nouveaux amis sur Facebook », rigole Claire. « En rencontrant de nouvelles personnes, on a pu agrandir notre réseau de recherche en y intégrant des gens qui sont là-bas. D’ailleurs, Parul, une étudiante indienne, va venir étudier à l’UQTR dans les mois à venir », renchérit-elle.
Un meilleur modèle
Un séjour en Asie implique inévitablement un choc culturel. Pour les étudiantes de l’UQTR, la surprise a surtout été de constater que les pratiques agricoles y sont passablement différentes.
« Une chose qui nous a surpris, c’est qu’il n’y avait pas de mécanisation. Les Indiens font de l’agriculture comme nous devrions le faire. Nous avons d’immenses monocultures, avec d’imposantes moissonneuses-batteuses, mais il n’y a aucune biodiversité dans nos champs. En Inde, ils disposent d’une main-d’œuvre qui leur permet d’alterner les plantes (tomates, courges, fèves, etc.), ce qui implique une cueillette manuelle. C’est comme ça que l’agriculture devrait se faire », indique Hugo Germain, professeur au Département de chimie, biochimie et physique et responsable de l’école d’été.
« On a pu découvrir une agriculture qui fonctionne autrement de la nôtre. C’est impressionnant de voir qu’autant de choses peuvent être faites à la main. On aurait dit des robots tellement c’était bien fait. Ça permet de voir ce qu’on pourrait faire d’autre, d’étudier nos alternatives », commente Claire.
« C’était d’autant plus impressionnant que nous savons le travail que ça implique. C’est en échangeant ce genre de connaissances qu’on peut tirer avantage de cette collaboration des deux côtés », ajoute Teura.
Alimenter la recherche
Le programme de l’école d’été comprenait des cours avancés de biologie végétale et de biologie moléculaire. En complément à la théorie, les étudiantes ont visité des champs de canne à sucre, des vergers de lychees et de manguiers, et des fermes de cultures variées. Ces lieux permettaient aux chercheurs d’aborder des thèmes comme la génétique, les maladies des plantes et la nutrition.
« Au début de la journée, on était sur le terrain, et l’après-midi, ça a été une suite de séminaires donnés par des étudiants québécois et indiens. Eux ont pu apprendre de nous, et nous avons pu apprendre d’eux », affirme Claire.
« Si on pouvait le refaire, on le referait c’est certain. C’est tellement enrichissant, autant sur le plan personnel que professionnel. Ça ouvre l’esprit », conclut Teura.